En toute situation, nous avons le choix d'agir pour le bien des êtres sensibles. Agir vertueusement ne se fait toutefois pas sans créer de friction, car « ne pas nuire » aux autres peut nuire aux égoïsmes puérils... Grand mal cela fasse s'il leur permet un jour de goûter au bonheur immense d'agir par compassion au bien des êtres !...

Les articles
Introduction
Ce blog n'a pas pour vocation de transmettre des enseignements, ses articles s'inscrivent dans mon cheminement spirituel personnel. Celui-ci commence avec la philosophie du yoga de Patanjali, issue des courants des Védas et du Vedanta (articles I.1 à I.45). Ils sont les fruits d'une profonde appétence pour la philosophie, ainsi que du souhait de comprendre le sens profond de la vie, d'expériences avec mes voyages à Bali, en Inde, au Népal, au Japon, au Bhoutan, de pratiques physiques avec les asanas du yoga et les trek dans les contreforts de l'Himalaya, de la visite de sites sacrés hindous et les monastères bouddhistes.
Ma pensée est en cours de construction permanente. Mes réflexions s'étoffent de jour en jour à mesure que grandit ma compréhension de la philosophie du bouddhisme tibétain (à partir de l'article I.46) et de mes entraînements à la méditation. Autrement dit, les conclusions de chaque article sont temporaires et sujettes à constantes ampliations qui apportent un éclairage sans cesse plus fin de l'interdépendance et de la vacuité à mesure que rayonne le profond (la sagesse) sous l'illumination du vaste (la compassion).
Conservez toujours deux choses à l'esprit :
- la « vérité conventionnelle » et la « vérité ultime ». « C'est en prenant appui sur deux vérités que les Buddhas enseignent la Loi, d'une part la vérité conventionnelle et mondaine, d'autre part la vérité de sens ultime. Ceux qui ne discernent pas la ligne de partage entre ces deux vérités, ceux-là ne discernent pas la réalité profonde qui est dans la doctrine des Buddhas » IPT-43.
- ne vous arrêtez jamais de questionner votre questionnement jusqu'à réaliser l'état « libre d'assertion » où il n'y a plus rien à questionner et plus à dire sur ce qui ne peut être dit, car... « libre d'assertion » !
Si vous vous demandez si le bouddhisme est une philosophie ou une religion, méditez analytiquement cela : la religion s'arrête là où la philosophie continue, avec le risque que nos conceptions se transforment en dogme et le dogme en intégrisme par manque ou incapacité de faire « vivre sa foi » dans l'expérience du quotidien. Ne vous arrêtez jamais à croire de manière partiale ou de croire à une interprétation sans avoir atteint le terme de la voie du Mādhyamaka Prāsangika Mahayana, « là où n'y a plus rien à apprendre » et donc à comprendre ! La doctrine du Bouddha est de dépasser y compris sa doctrine elle-même pour atteindre l'au-delà du par-delà de tout concept et de toute conception (y compris de tout langage), où se saisit directement la vacuité qui (outre d'être la nature véritable de tous les phénomènes et donc également de notre esprit), « libre d'assertion » est par le fait libre de toute croyance religieuse et... de toute conception philosophique !
Ne croyez pas sur la foi des traditions quoiqu'elles soient en honneur depuis de nombreuses générations et en beaucoup d'endroits ; ne croyez pas une chose parce que beaucoup en parlent ; ne croyez pas sur la foi des sages des temps passés ; ne croyez pas ce que vous vous êtes imaginé pensant qu'un Dieu vous l'a inspiré. Ne croyez rien sur la seule autorité de vos maîtres ou des prêtres. Après examen, croyez ce que vous même aurez expérimenté et reconnu raisonnable, qui sera conforme à votre bien et à celui des autres. Alexandra David Neel - Les enseignements secrets des bouddhistes tibétains
Toujours aller chercher ce que les maîtres authentiques ont dit (...) Fiez-vous aux travaux des sages (...) véhicule insurpassé rejetant les extrêmes d'existence et de non-existence absolues, élucidé par Nagarjuna, expliqué par Chandrakīrti dont le halo croissant de sagesse immaculée se déplace sans entraves dans le ciel des écritures, éclipsant les étoiles des faux orateurs et chassant l'obscurité qui les soutient (...) De tous les actes du Bouddha ses discours sont suprêmes. Le sage devrait se souvenir du Bouddha pour cela. Éloge au bouddha pour son enseignement sur l'interdépendance
N'abordez pas
le bouddhisme, en particulier tibétain, sous le principe d'une dévotion absolue
au maître comme condition sine qua none
pour atteindre l'Eveil. Jamais un maître
spirituel authentique ne vous demandera d'abdiquer votre raison et votre
intelligence au profit de sa seule parole. Sans la motivation de
transformer votre esprit par compassion afin de développer les réalisations spirituelles
qui vous permettrons ultimement d'œuvrer au bien de tous les êtres, le suivi aveugle
des instructions ne vous mènera pas à la libération.
Il est de votre devoir d'user de votre raisonnement pour développer une « confiance éclairée » dans le bouddhisme, lequel ne se conçoit pas (dans sa philosophie et ses pratiques) comme une relation de « maître » ou de guru à « disciple », mais d'enseignant à élève (et pratiquant spirituel). De plus, ce respect ne fonctionne que parce qu'il est réciproque. Le respect de l'élève pour l'enseignant s'accompagne du respect de l'enseignant pour l'élève, car il est pour chacun, en essence, le respect pour le Bouddha et le Dharma.
La confrontation aux actes négatifs d'autrui ne doit toutefois pas seulement nous interpeler sur le seul plan logique. Le plus grand levier, mais aussi le plus grand obstacle, au développement de la compassion est la souffrance des êtres sensibles, car elle nous incite, esprits ordinaires, au jugement. Or, même si les actes sont condamnables, la nature de l'esprit, qui est celle de Bouddha, est pure depuis toujours. Développer la «compassion universelle » implique de le reconnaître, et de puiser dans la « foi éclairée » pour le Dharma la force d'ouvrir notre cœur à l'amour et à la compassion pour tous les êtres sans exception.
Le plus grand don que vous puissiez faire n'est ni d'espèces sonnantes et trébuchantes, ni de biens matériels, ni de votre corps, c'est le don de vos propres réalisations spirituelles, lesquelles ne peuvent se développer si votre motivation, votre « confiance éclairée » et le maître spirituel auprès duquel vous les avez fait naître et croître ne sont pas authentiques. Il vous appartient seul d'adhérer à la philosophie bouddhiste, de suivre ses pratiques et d'œuvrer au bien des êtres pour transformer votre esprit :
L'Enseignant compatissant a bien expliqué que le pouvoir et la liberté de s'en remettre à un maître spirituel sont entre nos mains. De même, atteindre le bonheur de la libération et de l'éveil ne dépend que de nous ! Le Bouddha lui-même a dit : Bien que je vous montre les moyens pour atteindre la libération, sachez que la libération quant à elle ne dépend que de vous. Et aussi : Je suis mon propre ennemi ; je suis également mon propre protecteur [et le témoin de mes actes], L'essence de la voie vers l'Eveil.
Le jour où tu cesseras de penser que je peux quelque chose pour toi, cela deviendra très intéressant (...) Abandonnez l'espoir que quelqu'un déverse sur vous l'ambroisie subtile dont il est question dans les textes, goûtez-la à la source de votre propre cœur. Il n'y a fondamentalement ni maître ni disciple, mais il y a parfois un lien non névrotique entre deux personnes qui se promènent ensemble dans l'espace. On peut dire que c'est l'amour. L'incendie du cœur, Daniel Odier
Bonne lecture
Namasté
Tashi delek
བཀྲ་ཤིས་བདེ་ལེགས།
I.99 – Simplement reconnaître
Pour trouver la paix intérieure, départageons-nous du contrôle ! Bloquer les pensées, les rejeter, chercher à faire le vide, revient à vouloir contrôler l'esprit. Or, en toute simplicité, il n'y a rien d'autre à faire que de reconnaître que tout ce qui apparaît là-dehors comme là-dedans est l'expression naturelle de l'esprit, sa nature...
I.98 – L’union des apparences et de l’esprit
Comprendre que la nature de tout ce que percevons est vide de réalité propre, méditer, voir tous les phénomènes comme un reflet, réaliser leur vacuité pour nous libérer de la souffrance, tels sont le moyen et la voie du nirvāṇa. Mais pour atteindre l'Éveil, il nous faut en plus dépasser la dualité sujet-objet en réalisant que « tout...
I.97 – Le non-instant non-présent
Deux astrophysiciens se querellent à propos d'un objet tombé dans un trou noir : « Il est immobile, affirme le premier ! » ; « Il est en mouvement de l'autre côté de l'horizon des événements », rétorque le second ! Einstein passant par-là coupa court : « Il n'est ni immobile, ni en mouvement... C'est l'observateur qui le voit ainsi ! »...
I.96 – La voie du milieu
Deux moines se querelleraient à propos d'un drapeau. C'est le drapeau qui bouge, affirme le premier. Non, c'est le vent qui bouge, rétorque le second. Leur lama passant par-là coupa court. Ce n'est ni le vent, ni le drapeau... C'est votre esprit qui bouge !
Là où la science voit l'origine véritable d'un univers réel tel un point de dimension nulle et de masse infinie, le Mādhyamaka Prāsangika ne voit ni existence ni non-existence comme production interdépendante, et l'instant présent comme le cœur de la compassion pour les êtres dans l'ignorance de la vérité.
I.94 – Ceci apparaissant, cela nous saisit
Simple désignation, production interdépendante infaillible, l'existence et la non-existence, le réel et l'irréel, le vrai et le faux, sont perçus par l'esprit ordinaire comme le gong d'une présence matérielle qui résonne au saisissement du soi dans le fracas du silence de reflets qui s'entrechoquent...
Ce n'est pas le mystère qui amène à la compréhension du vide, c'est la compréhension du vide qui amène au mystère ! Lorsqu'il atteint à sa réalisation, l'esprit s'établit au-delà de toute désignation où il n'y a plus de mot pour exprimer que la nature des choses n'a même plus lieu d'être...
I.92 – Changement de paradigme
Le filet du pêcheur jeté sur la mer est comme un reflet, il ne remontera pas de vrais poissons. Sous le voile de l'ignorance, notre esprit est comme un « filet magique » que nous jetons sur des phénomènes vides de substance en pensant atteindre à leur connaissance ontologique...
I.91 – La construction du devenir
Notre présent perpétue notre passé et notre avenir est la continuité de notre présent. Le temps est une conception qui se construit avec l'invention de l'agent. Nous construisons notre existence en dépendance de sa conception comme nous co-produisons le monde en interdépendance à notre esprit.