I.44 – Good Vibrations of Trimurti - Résonances

28/10/2018

Une note est produite par un instrument, la musique par l'habileté de l'artiste, la partition par l'esprit du compositeur. Le son a un pouvoir, d'évocation, d'introspection, de guérison. Le corps, l'énergie, l'esprit font un. Vivre est une aspiration physique et une inspiration spirituelle. Guérir, c'est retrouver la respiration de notre être subtil.

  • J'entre dans le cercle. Je m'ancre dans le sol. Les chants du AUM forment une bulle protectrice autour de moi. J'inspire les vibrations bienveillantes des syllabes sacrées. Les pieds nus en contact avec la terre, je fais rayonner ma voix depuis le centre du chœur. Mon corps s'étire sous la poussée du souffle, s'allonge au modulé du timbre de ma voix.

  • Sous cette douche sonore, au sein de ce courant d'énergies vibratoires, à la confluence de la mélopée des chants, à travers mon propre champ de conscience, je sens la présence de ces cœurs qui battent. Là, dans cet entrelacement de cordes humaines vibrantes, j'entre en résonance. Dans les échos des voix qui palpitent à l'intérieur de mon corps se répercutent les vibrations de ma propre voix. Le multiple se confond avec l'un.

  • Est-ce bien ma voix ? Est-ce celle des autres ? N'a-t-elle pas toujours été partagée, répartie ? Ne suis-je, ne sommes-nous, depuis toujours, qu'un être unique séparé seulement par les apparences ? Des notes sur une partition, des accords sur une gamme, dont la portée dépasse le compte du nombre et qui, de proche en loin, sous les accords de leurs harmoniques, se rejoignent pour finir par se fondre dans l'unité du chant de l'être.

La nature est mouvement. Rien n'est figé, immobile, inerte. Tout se meut, s'agite, se déplace. Certains mouvements sont très lents, s'étendent sur des millions d'années, comme le déplacement des continents. D'autres sont très rapides, comme les battements d'ailes du colibri. Tout se meut, se transforme et change sans cesse. L'instant est un continuel changement.

La relativité du mouvement rend possible l'observation. Il n'y a pas de point fixe, absolu, mais une infinité de référentiels relatifs. L'immobilité est à la croisée des chemins, du lent et du rapide, de l'éloigné et du proche, à la fois dans et hors de l'écoulement du temps. La conjonction du mobile dans le mouvement relatif délimite la position de l'observateur.

La nature est vibration. L'aiguille du réel oscille de sa position de référence, en équilibre périodique, selon une fréquence déterminée. Ces oscillations peuvent revêtir la forme des ondes mécaniques, électromagnétiques ou gravitationnelles. Ces ondes se propagent à travers les composants d'un corps, à travers les différents états de la matière. Les ondes se croisent, s'entrelacent dans l'espace, dans les corps, qu'elles font vibrer, résonner.

Tout est lié, non par des relations temporaires, des événements aléatoires ou conditionnels, mais par une résonance, une musique universelle, « musica humana (l'harmonie corps-esprit) et musica universalis (la musique du monde) (...) issus de la tradition philosophique néoplatonicienne, ont pour point de départ l'idée que l'univers est vivant ; qu'il repose sur un réseau de proportions harmoniques reliant l'homme, le microcosme et le macrocosme, qu'une fine substance éthérée en emplit le moindre interstice[i] ».

Le philosophe allemand Leibniz s'étonnait qu'il y ait quelque chose plutôt que rien. Mais, le plus grand étonnement est d'avoir conscience de la réalité. Or, la conscience individuelle est très ténue, parcellaire, tronquée, imprécise, aveuglée par l'illusion de la māyā. Notre perception est fragmentaire, elle nous dissimule le fait que tout dans l'univers est en résonance. Ce que nous appelons « synchronicité » n'est autre que la résonance d'événements dont la perception est dissimulée par notre inattention, notre confusion et l'identification à nos pensées.

Nous croyons saisir le monde sous la lumière, mais en réalité nous sommes plongés dans le brouillard. Nous percevons des fragments, comme sur ces estampes chinoises où les montagnes, découpées par la brume, semblent flotter dans les airs. Nous voyons sans comprendre, entendons sans écouter, marchons sans être en contact avec le sol. Que tout dans la nature soit relié ne signifie pas que nous en ayons automatiquement la perception. Celle-ci exige attention, concentration et esprit critique, afin d'éviter de nous méprendre sur de faux liens. Nous prenons souvent le fruit de notre imagination pour comptant, croyant voir devant nos yeux ce qui, en fait, est une persistance rétinienne de notre conscience projetée sur l'écran du réel.

Notre cécité crée un choc à la prise de conscience, fugace et fragmentaire, de cet immense réseau de relations interconnectées : de la surprise pour sa synchronicité ; de la joie pour les conjonctions positives ; de la tristesse pour les « hasards malheureux » ; de la colère pour les obstacles à la réalisation de nos désirs ; de la répulsion pour ce qui nous empêche de savourer.

Les émotions sont la conséquence de l'oubli que tout est résonance. Le désir nait de l'attachement à des relations jugées positives, la souffrance du tourment à les réaliser et de la torture à les voir s'évanouir. Sans mouvement, il ne peut y avoir de relation. L'impermanence ou la « permanence du mouvement » - le véritable mouvement perpétuel - est l'essence de la « résonance universelle ». Le brassage constant des possibles - l'infinité diversité dans d'infinies combinaisons - est à la base du réseau de relations qui constitue la réalité de l'univers.

Comprendre, accepter, embrasser l'impermanence, c'est entrer dans le flow de la résonance, c'est devenir soi-même un lien de cette chaîne ininterrompue - un lien rendu possible par d'autres qui rend lui-même d'autres liens possibles -, uni dans l'identité de l'équivalence, mû par l'équanimité dans le changement.

Le temps naît de la pensée. Passé, présent, futur sont des angles de vue déterministes sur un phénomène sans commencement ni fin. Nos réactions émotionnelles à la résonance segmentent le flux de la nature, le divisent, nous font percevoir des points là où il y a des lignes, des corpuscules là où il y a des ondes, des nœuds matériels là où il y a des cordes immanentes. Ce réseau est infini et nos capacités finies. Cependant, nos limites ne sont pas cognitives. Nous passons « notre temps » à regarder des ombres plutôt que de rechercher la lumière. La pensée crée la temporalité : le passé est l'écho du jugement, le futur la rumeur de l'anticipation. Le moment présent peut se concevoir en termes temporels, mais ici et maintenant peut également s'appréhender de manière sensorielle.

Pour saisir la « sensorialité de l'instant », il nous faut être pleinement attentif à notre corps, à notre perception sensible, à la sensation charnelle de son ressentir organique. Pour entrer dans le flow de la résonance universelle, nous devons prendre conscience de notre dimension corporelle. Développer notre concentration sur la respiration permet de rétablir cette connexion physique, endormie, chloroformée par la pensée. La méditation en « pleine conscience » en nous accordant au mouvement de la respiration, les asanas en l'alliant à une méditation en mouvement, nous offrent de réinvestir la « pleine présence » de notre corporéité.

Être pleinement présent à son corps, c'est être présent à soi. Cette présence est acceptation. S'accepter « tel que l'on est », c'est accueillir le temporaire, embrasser l'éphémère, laisser partir le temporaire dans le souffle de l'instant. La pensée veut retenir ou éloigner le passé, retarder ou précipiter le futur, figer ou accélérer l'instant. Le flux de la nature est une respiration, l'inspiration du possible qui n'est pas encore, l'expiration du réalisé qui n'est déjà plus. Le présent est la rétention de l'impermanence.

L'eau se condense à partir de la vapeur, le solide s'agrège à partir du liquide, l'équilibre s'établit sur l'instabilité. Par la concentration, l'inconsistance de la respiration acquiert une consistance, une « objectivité perceptuelle ». L'objet des sens devient « réel » parce que nous lui portons attention. Dès lors, le souffle devient une expérience non seulement sensorielle, mais une réalité vécue. L'observation attentive rend tangible la « sensation d'être », nous plonge dans le ressentir de l'objet de notre concentration.

  • La mère tient son enfant serré tout contre son cœur. Sa tête effleure la tête de son enfant dans un toucher d'affection radieuse. Les traits de son visage, sculptés dans l'ébène, rayonnent d'amour. L'imposante statuaire, plus grande qu'un homme, irradie d'une bienveillance et d'une compassion régénérantes. À la contempler, là, simplement, je me sens en sécurité, en paix, emplis de l'affection de cette mère que je vois pour la première fois, (trans)porté dans ses bras tel son enfant nourrit d'amour.

  • La statue me parle au travers du regard de ses yeux mi-clos, de ce regard intérieur qui plonge en moi, me touche au plus profond et me connecte à son être par sa douceur et sa tendresse. La statue me parle. Dans l'ovoïde des visages, m'apparaît la rotondité du monde qui change suivant l'angle duquel je l'observe en tournant lentement autour de son axe. Une rondeur qui enfle, se déploie comme une fleur assoiffée par la chaleur qui reprend vie sous la pluie. Un sentiment de complétude m'envahit à la vue de l'enfant tendrement lové dans les bras de sa mère. L'enfant vibre au cœur de l'amour. Dans son sourire radieux se reflète l'amour divin qui est au cœur de l'univers.

  • L'enfant est roulé dans les bras de sa mère, replié comme au sein de la matrice. Sa posture m'évoque balasana, ce repli symbolique sur notre intériorité profonde, notre « enfant intérieur », dans l'innocence et la pureté de notre être véritable. L'enfant se développe grâce à l'affection de sa mère comme l'être rayonne dans l'amour. Cet amour qui donne vie à la statue, qui respire dans le souffle du vent qui traverse le challa, dans la respiration du monde comme une respiration de la vie.

La méditation de pleine conscience sur les « quatre points de concentration du souffle » confère bien plus qu'une corporéité à la respiration. L'attention portée aux mouvements du souffle (au ventre qui se gonfle à l'inspire, qui se dégonfle à l'expire), au bruit du passage de l'air, à la qualité de cet air (chaud, froid, léger, dense...), à la sensation provoquée par son entrée au niveau des narines et sa sortie au niveau des lèvres supérieures - point de concentration vipassana - tout cela nous permet de ressentir sa sensualité phénoménale. L'attention éclaire la conscience des multiples dimensions du souffle. La respiration est un processus complet, intégratif. Dans une intuition organique, elle ouvre sur le vaste dans le courant du mouvement de la vie.

  • C'est tout mon corps qui respire : ce sont mes poumons qui se remplissent et qui se vident d'air ; c'est mon cœur qui bat ; c'est mon sang qui afflue dans mes organes ; ce sont mes cellules qui échangent l'oxygène et le dioxyde de carbone ; c'est le métabolisme cellulaire qui convertit l'énergie pour alimenter mon organisme et permettre à mon cerveau de contrôler ce processus biologique complexe grâce auquel je suis en vie.

  • Je sens... Je suis... Je suis les mouvements de ma respiration. Je suis les mouvements de mon sang. Au sein de cette unité sensorielle retrouvée, la perception de mon souffle rejoint et s'harmonise avec la perception de mon flux sanguin. Les deux ne font qu'un. Je ne suis plus un corps qui respire, je suis LE flux. Ma respiration est un courant unifié d'échanges dans lequel les battements de mon cœur sont mus par le fluide de l'éther. La sensation pleine et riche de la vie éclipse sa pensée abstraite. Je ressens donc je suis.

La concentration développe l'acuité. A mesure que notre perception s'accroît, notre champ sensoriel s'élargit. Le brouillard se dissipe non pas parce que nos yeux deviennent plus affûtés, mais parce que nous apprenons à utiliser nos sens ensemble, de manière coordonnée. La combinaison sensorielle amplifie notre capacité de ressentir et la clarté de notre perception.

Pour exploiter notre aptitude à la synthèse des perspectives, il nous faut explorer pleinement chaque angle de vue en sollicitant notre attention sur toutes nos facettes sensorielles. Une technique expérimentée avec l'exercice du grain de raisin[ii] ou en fixant la flamme d'une bougie - trataka[iii] - qui révèle la richesse des points de vue sensoriels et leurs associations. La prodigalité de la perception puise dans une observation attentive qui peut définir autant de points de fixation de la concentration que de perspectives sur son objet.

  • Mes yeux se fixent sur la flamme. Sa forme est toute en courbes douces. Ses ondulations sont lancinantes, sa blancheur apaisante. Son éclat rayonne d'une lumière envoûtante. Elle oscille, doucement, dans le souffle léger du vent qui s'insinue, furtif, entre les rayons de l'aube. Son image se dédouble dans le reflet du vase dans lequel brûle la bougie qui la nourrit. En brûlant, elle émet de subtils grésillements qui exhalent les parfums de l'aurore.

  • Mes yeux sont transpercés par l'évidence. La flamme brille de l'énergie du permanent au cœur de la danse de l'impermanent. L'instant est la seule constante au sein du fleuve mouvant de la vie. Malgré les fluctuations de la flamme qui se tortille et s'agite en un ballet incessant, elle demeure une et entière comme les vagues de l'océan soufflé par les vents...

Les neurosciences désignent la conjonction de nos facultés sensorielles par le terme synesthésie[iv], « phénomène d'association d'impressions venant de domaines sensoriels différents » CNRTL. Le cerveau des synesthètes associe (de manière durable) le plus souvent les graphèmes aux couleurs ou les sons aux couleurs[v]. La synesthésie se définissant comme la capacité pour « un stimulus touchant une modalité sensorielle de provoquer l'apparition de perceptions synesthésiques dans une autre modalité », les possibilités d'associations sensorielles forment une grande variété de combinaisons.

L'une des plus marquantes est la synopsie[vi] ou « l'audition colorée », qui consiste à (perce)voir des couleurs en réponse à des sons. Outre nos cinq sens et la proprioception - « perception de son corps par les sensations kinesthésiques et posturales en relation avec la situation du corps par rapport à l'intensité de l'attraction terrestre » CNRTL -, parmi les sens susceptibles de s'associer figurent également : les émotions, la douleur, les températures, les mouvements, les unités de temps[vii]. Le pourcentage de la population reconnu comme étant synesthète n'est pas déterminé avec précision, ni la probabilité de faire l'expérience involontaire, fugace et inattendue de ce phénomène.

La concentration de l'attention permet de développer la conscience sensitive de notre corps, de ressentir le flux organique de la vie qui nous parcours et de nous mettre en situation de faire surgir d'autres modalités sensorielles, en levant les obstacles du mental à l'expression de nos potentialités, en nous autorisant à explorer de nouveaux angles d'approches, en développant la confiance en soi pour expérimenter de nouvelles perspectives.

Nous avons chacun notre propre chemin. La synesthésie illumine le monde d'une lumière originale pour certaines personnes parce qu'elle revêt un sens dans leur chemin de vie. Tout est résonance, mais toute résonance ne fait pas sens. Voir les sons sous forme de couleurs éclaire un rayon de la réalité. Le pressentir, c'est le comprendre. Nous avons déjà franchis le seuil lorsque nous comprenons que l'exploration sensorielle est la voie naturelle vers notre intériorité. Tel un artiste à la réalisation de son œuvre, nous alignons les points de fuite du paysage pour tracer notre chemin vers notre être profond qui nous guide à la convergence de toutes les perspectives.

Lorsque la fréquence de deux sons entrent en phase, comme les vibrations émises par des bols tibétains, il se produit un phénomène de « résonance ». Il en va de même de nos sens et des expériences par lesquelles s'établissent des associations qui révèlent de nouvelles perspectives sur nous-mêmes...

  • Je marche en pleine conscience. Mon attention tout entière portée à la sensation proprioceptive de chacun de mes pas. Je m'ancre dans le sol. J'inspire en levant lentement le talon de mon pied gauche. Je le soulève jusqu'à la pointe. Je marque un léger temps d'arrêt, puis je décolle mon pied gauche du sol. J'expire en le déposant avec lenteur. J'évalue mon appui, mon équilibre. Je m'ancre à nouveau avec fermeté dans le sol. J'inspire lentement en levant doucement le talon de mon pied droit. Je maintiens l'équilibre et je soulève mon pied jusqu'à la pointe. Je marque à nouveau un léger temps d'arrêt, puis je décolle mon pied du sol. J'expire en le redéposant lentement. Je marche et je sais que je marche.

  • Méditatif, je marche. Je ferme les yeux. Chaque pas est différent, chaque pas est unique, chaque pas est une nouvelle sensation. Spontanément, je me mets à tourner. Je marche les yeux fermés. Soudain, une lumière apparaît. Je suis devant une flamme aussi grande qu'un homme, à moins que je n'aie rapetissé à sa taille pour être à l'échelle de la flamme de cette bougie que tôt au petit matin j'observais danser sous les murmures du vent.

  • Ici et maintenant, je perçois la flamme plus vivement. De nouveaux détails apparaissent. Je vois clairement les flammèches qui fluctuent, se décrochent et se recollent, dans le flot de sa danse. Des sillons se forment à mesure que son corps s'enroule, s'élève, avec grâce et élégance, s'étire vers le soleil comme pour marier leurs feux. Sa chaleur est douce. J'approche et je tends la main. Son contact est soyeux. J'enroule mes bras autour de sa lumière. Nos corps se font une accolade flamboyante. J'entre dans la lumière. Je baigne sans retenue dans ce cocon de douceur. Je flotte et m'élève, porté par des bras bienveillants dans un océan d'affection ascensionnelle...

Les expériences se combinent, font vibrer notre conscience jusqu'aux fibres les plus profondes de notre être. Une méditation sur « l'harmonisation des chakras » - consistant à visualiser tour à tour une lumière de la couleur de nos « centres d'énergie » - suivie d'un « bain sonore » (une chorégraphie de vibrations intuitives de bols tibétains et d'instruments musicaux aux sonorités suggestives), peut induire, spontanément, une synesthésie qui insuffle une vie propre aux couleurs et les fait vibrer telles des sylphides évanescentes dansant dans un souffle intangible sur le chant de « l'âme du monde ».

Plus prosaïquement, la magie de tels moments uniques procède de plusieurs mécanismes : les ondes de fréquence produites par les instruments de musique et de «thérapie sonore » ou sono-thérapie que sont les bols tibétains, le système védique des chakras, la neuroplasticité cérébrale et, le plus difficilement quantifiable, l'esprit humain.

Le fonctionnement du cerveau produit une activité électrique qui se décline en cinq catégories d'ondes cérébrales : Gamma, Bêta, Alpha, Thêta, Delta. « Les ondes cérébrales sont des schémas d'activité électrique (rythmes) causés par les neurones du cerveau communiquant les uns avec les autres[viii] ». Chacune possède une fréquence caractéristique d'un état mental spécifique : Gamma, l'attention ; Bêta, la vigilance ; Alpha, la relaxation ; Thêta, la méditation ; Delta, le sommeil profond sans rêve.

Les bols tibétains produisent des fréquences qui induisent un état de relaxation profonde, favorable au lâcher-prise. Les vibrations (délivrées sous forme de « bains » et de soins sonores) ont pour effet de sonder la psyché humaine en ses profondeurs et de mobiliser les insoupçonnables ressources de notre potentiel d'auto-guérison. La «résonnance psychocorporelle » aux vibrations des bols tibétains et le « dialogue socratique » entre le « quêteur de soin » et le sono-thérapeute visent à rétablir l'harmonie énergétique corps-esprit. La voie de la guérison commence par l'écoute de notre voix intérieure. « Les soins thérapeutiques sonores par bols tibétains permettent d'agir à la fois sur le mental et sur le corps. Les sons des bols mettent le mental en état de relaxation profonde proche de l'hypnose » MILLA.

Comment notre corps peut-il stocker des émotions négatives et les libérer en réponse aux fréquences vibratoires produites par les bols tibétains (ou sous l'effet de la pratique des asanas) ? Comment les souvenirs de traumas refoulés ou de blocages inconscients peuvent-ils resurgir à la surface du conscient (par de subtils indices sous l'effet d'un «diagnostic des chakras » ou résorbés à l'aide d'une « reprogrammation énergétique ») ?

L'importante quantité de fluides qui entrent dans la composition des cellules du corps humain le rendent structurellement sensible aux vibrations sonores. Les ondes exercent une influence mécanique sur notre corps par résonance tactile, mais également par une autre voie d'accès sensorielle, l'ouïe. Les stimuli sensoriels captés par nos oreilles affectent notre activité électrique neuronale et, par conséquent nos états mentaux, non par résonance directe, mais par conversion du signal sonore en information bioélectrique.

L'information possède à la fois les « caractères fondamentaux de toute réalité physique organisée[ix] » en particulier, elle est soumise au second principe de la thermodynamique, l'entropie (ou la dégradation d'un message à mesure de sa répétition) et, en même temps, elle est indépendante de tout support. Le vecteur peut changer. L'information peut être écrite sur du papier, dans un format numérique ou transmise par la voix humaine. C'est toujours la même information. Cette propriété possède également un caractère physique. On la retrouve dans le principe de «conservation de l'énergie », qui obéit à la première loi de la thermodynamique ou l'invariance de la quantité d'énergie d'un système (« rien ne se crée, rien ne se crée, tout se transforme » [x]).

Toute vibration est information. L'information renfermée dans les sons émis par les bols tibétains est extraite (interprétée) par le processus cérébral de l'audition. L'oreille capte les stimuli et le cerveau les convertit en signaux électriques qu'il peut comprendre. Cette information ne « dit » pas seulement au cerveau d'adopter le rythme des ondes Alpha puis Thêta, elle possède un signifiant comme la musique véhicule des émotions.

Toute énergie est information. Le corps est une extension du cerveau. Il semble que les bols tibétains « parlent la même langue » ou du moins que la traduction ou l'interprétation (multi-sensorielle) que le cerveau-corps fait de leurs chants ait un effet déclencheur, de « prise de conscience ». Le son est un outil puissant pour approcher notre réalité intérieure dans toutes ses dimensions, en particulier psychologique, en ce qu'il permet d'explorer les méandres de nos esprits complexés, souvent torturés, parfois traumatisés.

Dans son domaine, le sono-thérapeute est un accompagnant, un instrument au service des autres. Sa vocation est de dés-instrumentaliser les schémas de pensées, de « déprogrammer » les conditionnements mentaux délétères. Les signifiants (traumatiques) d'événements vécus dans la petite enfance peuvent imprimer le cerveau-corps d'informations (nocives) dont « l'écho » se prolonge dans toute la vie adulte (en influençant inconsciemment notre façon de penser). La « guérison par le son » passe par la découverte ressentie, la compréhension vécue et la déconstruction consciente du signifiant d'informations traumatisantes enracinées dans le cerveau-corps.

La guérison surgit de la prise de conscience de ce qui fait une personne en souffrance.

  • L'arbre se dresse devant le cabanon, tordu et déformé. Son tronc ploie à l'horizontale comme s'il portait le fardeau du monde sur son dos. L'un de ses bras s'étire vers le ciel, tordant son épaule vers l'arrière en une rotation extrême. Son autre bras cherche vers l'avant l'appui désespéré du sol pour contrebalancer la force aveugle et cruelle qui le supplicie vers le haut. Le haut de son dos est déchiré, sa peau est striée d'écorchures à vif, comme si ses muscles avaient été arrachés par l'intensité de l'effort.

  • L'image de la souffrance nous aveugle autant que de souffrir. Nous souffrons de cécité, errant dans l'obscurité de notre ignorance pour trouver la lumière. L'harmonie naît du chaos dans l'équilibre du silence. À la verticale de son tronc brimé, l'arbre s'élève digne et solennel vers les cimes, auguste tel un empereur ceint de la tiare d'un feuillage verdoyant. De ce point de vue partiel nul ne songerait à blâmer le condamné au supplice qui le ronge dans les profondeurs inconscientes formées par l'angle mort de notre regard.

  • J'adopte une autre perspective. Je scrute chaque angle de vue dans un lent déplacement de l'axe de ma caméra subjective. L'image change. La nature se révèle en sa forme étrange comme une asana. L'enracinement du végétal, l'alignement de son tronc, l'attitude de sa face tournée vers le sol, révèlent l'évidence d'une posture, variation du triangle. Ma pitié pour le pénitent se transforme en empathie. Demeurer si longtemps dans une posture conduit à une profondeur méditative sans équivalent. La nature m'apparaît soudain telle une forêt d'asanas, immobile dans le défilé des saisons, immuable dans l'agitation humaine, mais emplie de sérénité dans l'éternité du présent.

Toute résonance est information. Le cerveau forme un vaste réseau d'(inter)connexions d'informations dont les relations sont susceptibles d'une infinité de combinaisons. Le cerveau reçoit et traite en permanence (sous différents rythmes de fonctionnement) des données du monde extérieur et de son propre univers d'informations, qu'il combine, associe, conjugue, traduit, interprète, questionne, cela de la naissance à la mort.

Lorsque les fréquences sonores de plusieurs bols tibétains se superposent, elles entrent en résonance. Le système d'information du cerveau produit de la « résonance », créé de l'information à partir de l'information, « du sens sur du sens », par analogie. Le réseau neuronal est infiniment modulable, « le cerveau est un système dynamique, en perpétuelle reconfiguration[xi] ». La neuroplasticité consiste dans plusieurs fonctions : la création de nouvelles connexions, « neurogénèse » ; la suppression de connexions inefficaces ou bien inutilisées par « l'élagage synaptique » ; la réparation ou la substitution de circuits neuronaux lésés[xii].

Le cerveau ne fait pas que répondre à des événements extérieurs, ni rechercher la solution optimale à toute les situations, c'est une machine « en quête de sens ». L'activation est déterminante dans la formation de voies neuronales, desquelles découlent nos capacités. L'action, la répétition, la pratique persévérante, sont les moteurs de la neuroplasticité et donc de la transformation de soi. Nous sommes un univers de sens qui résonne d'une fréquence qui est le reflet de « qui nous sommes». Mais, comme un bol tibétain peut vibrer d'une note discordante en réponse à une frappe de maillet malhabile, nous pouvons émettre des sonorités dysfonctionnelles...

La nature est un mouvement dont l'amplitude est invisible à nos sens limités. La santé est la (bonne) circulation de « l'énergie ». Les védas disent que l'être vivant est formé de trois parties : physique, subtile et spirituelle[xiii]. Ses parties sont subdivisées en cinq enveloppes ou koshas : énergétique, mentale, d'intuition et de félicité. Les koshas sont reliés par des « points de jonction énergétiques », les chakras. L'énergie (pranique) provient du corps subtil ou énergétique qui forme « le double et le modèle du corps physique dont il règle l'organisation et le fonctionnement[xiv] ».

Les textes védiques du courant du shivaïsme tantrique et de la Kundalini[xv] yoga décrivent les chakras comme des régulateurs de « la circulation de l'énergie dans le corps astral ». Les enveloppes corporelles sont intriquées. L'existence humaine est un système complexe « géré » par les chakras sur les plans : « émotionnel, psychologique, mental et spirituel ». Du point de vue énergétique, les chakras sont des « instruments générant leurs propres fréquences ». Chacun est animé d'une fréquence vibratoire propre en lien (ou en résonance) « avec un élément [védique : terre, air, eau, feu, éther (espace)], une couleur, un son, un (bijas) mantra, une odeur, un sens...[xvi] ».

Les sept chakras principaux : Muladhara (racine), Svadhisthana (sacré) Manipura (plexus solaire), Anahata (cœur), Vishudda (gorge), Ajna (3ème œil), Sahasrara (coronal) ; sont le reflet de notre « posture existentielle ». La façon dont l'énergie pranique circule dans et entre les chakras traduit la manière dont nous percevons, pensons, agissons.

Les 1er et 2ème chakras gèrent notre relation au corps : Muladhara, « centre de l'instinct primaire de survie », son spectre s'étend du doute à la confiance ; Svadhisthana, centre du plaisir, « capacité à ressentir, avancer, saisir les opportunités », sa fréquence varie de la boulimie à la tempérance.

Les 3ème et 4ème gèrent notre relation aux autres : Manipura, centre de la croissance, « capacité à concrétiser les projets, la nourriture en énergie », sa vibration s'expand de l'impuissance au rayonnement ; Anahata, « centre de l'amour inconditionnel, du développement spirituel, de la compassion, du pardon, de la dévotion », son spectre oscille entre la possessivité et la liberté.

Les 5ème et 6ème gèrent notre relation au monde : Vishudda, « centre de la communication et de la créativité », sa fréquence varie de l'obstination à la vérité ; Ajna, « centre de l'intuition, de la sagesse intérieure », sa vibration s'expand de la confusion à la lucidité.

Quant au dernier chakra, il gère notre relation à l'univers : Sahasrara est le « centre de la conscience spirituelle, la connexion à ce qui est plus grand que soi » MILLA, son spectre s'étend du sentiment d'inaccomplissement du moi au sentiment d'unité de l'être dans la présence du Soi.

Le système des chakras postule que l'existence humaine repose sur le parallélisme entre le « principe d'action » et l'état ou la forme de cette action. Ce qui se passe au niveau subtil agit sur le plan matériel.

L'état (physique) « résonne » de l'énergie (pranique). La forme est l'apparence du subtil. Notre état corporel, notre état d'esprit, sont les reflets de la dynamique de « l'énergie causale » qui circule sur un autre plan de réalité.

Ce parallélisme se retrouve dans le fonctionnement cérébral. Le corps est l'extension du cerveau : sa « forme » est la résonance de l'activité de nos réseaux neuronaux ; son « état » est la continuité des mouvements de notre psyché, de l'ensemble de nos réactions, de nos jugements, de nos pensées, du discours que nous tenons sur nous-mêmes, cette histoire que nous nous racontons sur « qui nous sommes ». Nos conditionnements sont des chemins neuronaux façonnés par « élagage synaptique » dans le champ des possibles cérébraux par l'habitude et l'identification à nos émotions.

Nous observer nous change, nos émotions, nos réactions instinctives, nos comportements automatiques. Par la pratique (persévérante) des asanas et de la méditation, nous pouvons changer en profondeur, corps et âme, en agissant sur la neuroplasticité pour transformer l'énergie des émotions, de quelque chose de négatif qui ne nous appartient pas, en positif qui rayonne de nous. Adopter un état d'esprit d'accueil, d'acceptation de « ce qui est », sans altération mentale, créé de nouvelles voies neurales conférant à cette plus grande conscience de soi un pouvoir causal.

Nous sommes un univers d'informations qui fait sens en regard de l'angle de vue que nous adoptons sur nous-mêmes, lequel résulte de l'identification au « corps de perception ». Ces informations peuvent être reliées de multiples manières (cognitive, expérientielle, intuitive) par une infinie diversité (de perspectives) dans d'infinies combinaisons de connexions (synaptiques). Pour qui sait écouter avec attention, le schéma de cet univers de sens transparaît dans notre discours, notre attitude, notre posture.

Savez-vous vraiment écouter l'autre, (le) laisser « être (dans) sa parole » ? Nous réagissons aux propos d'autrui comme à une situation qui déclenche une réponse automatique de combat, de fuite ou de paralysie. Ce n'est pas l'autre que nous écoutons, c'est notre mental, qui ne cesse de s'opposer, d'émettre des opinions, contraires ou contradictoires. Si nous n'écoutons pas les mots de l'autre comment pouvons-nous comprendre ses maux ?

Écouter avec attention, accueillir le « dire d'autrui » sans analyse, jugement, interprétation, laisse entrevoir ce qu'il veut nous dire (sans en être lui-même conscient). À travers la parole (confiante et libérée) circule des informations factuelles, la perception de l'autre et notre propre subjectivité. La description d'un événement n'est jamais brute, elle est empreinte des humeurs de son locuteur et des nôtres. Dire est un message à sa propre destination.

L'écoute attentive de « l'énoncé d'autrui » discerne une trame, dévoile des connexions, révèle un schéma, un « système de pensée, de valeurs, de croyances », qui reflète son fonctionnement, son histoire psychologique, sa conception de l'existence, son rapport aux autres et au monde, sa « posture existentielle » reflet de l'état énergétique de ses chakras.

À travers la manière de « se dire », transparaît la façon de « se percevoir ». Pour être en mesure d'entendre, notre mental doit être silencieux. Pour être capable d'écouter, nos sens doivent être ouverts, notre attention concentrée, ce qui passe par une phase de (ré)apprentissage.

Apprendre les rythmes pour écouter l'autre, non plus comme un écho, mais comme une entité, une représentation unique de la création, dans sa liberté TULC-40

Nous sommes régis par notre propre « système de pensée », mais savons-nous seulement le formaliser, (nous) exprimer (à nous-mêmes) ce que nous pensons, croyons, ressentons ? Savons-nous nommer nos émotions ? La perception de nos états affectifs est plus empreinte « d'émotion mentale » que ne le sont nos états émotionnels eux-mêmes. Nommer nos émotions procède d'un choix subjectif qui est l'expression de notre « système de pensée ». Apprendre à exprimer nos émotions, c'est nous écouter, nous observer, ressentir avec le corps et l'âme, c'est être sans penser être.

Apprendre à énoncer pour apprendre à écouter, l'air, le corps, le lourd et le léger, les désirs et les contradictions, les contractions et les détentes. Apprendre le ton, la force, l'émission de la voix, pour recevoir l'autre, pour apprendre à entendre. Apprendre à émettre et à entendre, à observer les réactions déclenchées par le son, le ton. A écouter les réactions internes que l'apparent autre réveille, à écouter les langages physiques TULC-40

Écouter l'autre sans chercher à le juger, observer le souffle sans vouloir en changer le rythme, ressentir les vibrations des instruments sans interpréter l'origine des sons, c'est accueillir, apprécier, embrasser, saisir l'en-soi de l'objet observé. S'écouter, s'observer, se ressentir, c'est percevoir nos propres sens, saisir l'en-soi de l'observation. Écouter l'écoute, observer la perception, ressentir le ressenti, c'est tourner le regard vers l'intérieur de soi, saisir l'en-soi de l'observateur. Écouter, observer, ressentir, avec attention, concentration, n'est-ce pas cela le yoga, lorsque l'observé, l'observation et l'observateur entrent en résonance pour ne faire plus qu'un ?

  • Le jour se lève sur Trimurti. Immobile et silencieux, ancré devant le patio, je m'imprègne des vibrations de la nature. Dans le silence du moi, emplis de sérénité, j'observe l'être du monde à travers la fenêtre de mes sens, multiple dans ses formes, unique dans sa grâce. Immergé dans mon espace intérieur, je m'immerge dans l'espace du monde. L'extérieur se fond avec l'intérieur.

  • Les frontières s'estompent, ma conscience ralenti, le temps s'arrête. Je suis dans le temps de l'ētre. Ma conscience s'expand dans la nature. J'enlace les arbres dont l'écorce des troncs s'écaillent. Je me déploie dans les branches dont les doigts élancés forment des mudras qui accompagnent la méditation végétale. Je m'étire jusqu'à leur faîte couvert par l'entrelacement du feuillage. Je m'immobilise dans la rétention insondable de la respiration du vivant.

  • Le temps s'éloigne. Je deviens prēsent. Le mouvement s'immobilise. Je deviens vibration. La présence m'envahi. J'habite l'instant. Je résonne du silence. Ma conscience bat au rythme de la présence. Bercé par la musique du monde, ma nature en harmonie avec la nature du monde, je suis la prēsence qui précède et qui suit le silence.


Apprendre à recevoir les manifestations extérieures, (l'autre, les autres), non plus comme des obstacles à nos rêves ou nos prétendues réalités, non plus comme des conflits. Réaliser enfin que ce sont les réalités de la nature, la nature de la conscience TULC-40.

Namasté


Référence :

MILLA : https://www.mariemilla.com/index.php/therapies-sonores/ 

[i] Vibrations cosmiques, l'harmonie universelle au temps des lumières britanniques https://journals.openedition.org/terrain/16279 

[ii] https://eveilleuse.com/exercice-de-pleine-conscience-raisin/ 

[iii] Trataka, technique de nettoyage yogique des yeux https://yoga-et-vedas.com/meditation-trataka-yoga-concentration/ 

[iv] https://www.up-magazine.info/index.php/homme-augmente/homme-augmente/7387-monde-fascinant-de-la-synesthesie cf. https://synestheorie.fr/ 

[v] https://fr.wikipedia.org/wiki/Synesth%C3%A9sie 

[vi] https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/physique-dossier-son-couleur-correspondent-39414/ 

[vii] https://www.daysyn.com/Types-of-Syn.html 

[viii] https://www.gaiameditation.com/fr/musicotherapie/sons-binauraux-sons-isochrones-synchronisation-ondes-cerebrales/ 

[ix] https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_de_l%27information#Le_statut_physique_de_la_théorie_de_l'information 

[x] « La maxime « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » attribuée à Lavoisier, est la paraphrase du philosophe grec présocratique Anaxagore : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau » https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Lavoisier 

[xi] https://fr.wikipedia.org/wiki/Plasticit%C3%A9_neuronale 

[xii] https://www.neuroplasticite.com/concept-anatomo-physiologique/definition-neuroplasticite/ 

[xiii] https://yoga-et-vedas.com/morphologie-spirituelle-la-structure-tripartite-de-tout-etre/ 

[xiv] https://jacques.prevost.free.fr/cahiers/cahier_49.htm 

[xv] https://www.lesconfins.com/YogaKundaliniUpanishad.pd

[xvi] Ibid.