I.59 – « Connais-toi toi-même… »

10/11/2019

L'ignorance est l'obstacle majeur sur la voie du véritable bonheur. Pour nous libérer de la souffrance, nous devons nous libérer de l'identification à la fiction du « moi » et pour cela (re)connaître que nous vivons sous la dépendance de son illusion, du pouvoir de sa « fable », dont il nous faut comprendre l'artifice pour le déjouer.

  • J'ouvre les yeux. L'obscurité est tout autour de moi. C'est la première fois que je vois. Je ne vois pas les contours du monde, je ne vois pas les contours de mon corps. Tout est noir ! Je vois sans savoir que je « vois », car tout est noir. Je ne connais rien d'autre que la nuit. Pourtant, je me sens comme « entouré » par quelque chose qui n'est pas l'obscurité. Je sens que mon corps n'est pas fait d'ombre. Je ne suis pas la nuit ou du moins ne le suis-je plus. Je suis autre chose qui prend « conscience » de son existence...

  • Je marche « dans » la nuit ! Je marche sans savoir comment je suis capable de me « mouvoir », sans savoir « où » je vais, sans même savoir s'il existe « autre chose », « quelque part », « différent » de cette nuit sans fond et sans fin. Tout est noir. Je n'ai aucun repère, mais j'avance pas à pas. Comment puis-je savoir qu'il y a un « devant » et un « arrière » alors que je viens d'ouvrir les yeux et que je n'ai encore jamais rien vu qui puisse me permettre d'affirmer ou d'infirmer qu'il existe « réellement » autre chose ?

  • Je marche avec confiance, sans savoir combien de temps s'est écoulé. Je marche jusqu'à ce que je vois une infime lueur briller au loin dans la nuit. A mesure que je m'en rapproche, elle grandit en étendue et en intensité...

  • Cette lueur délimite la silhouette de mon corps. Pour la première fois, je m'entraperçois timidement. Ce n'est qu'une vision floue, indistincte, qui se dessine sur les contours de l'obscurité. Ce n'est pas « vraiment » moi, mais un reflet de la lumière sur le miroir de la nuit. Je continue d'avancer.

  • Bientôt, cette lumière brille d'un tel éclat que mes yeux en sont éblouis. Je deviens incapable de distinguer quoi que ce soit. Je marche toujours, mais je sais désormais où je vais. L'intime conviction d'être guidé dans l'obscurité par quelque chose qui m'appelle à en sortir s'est désormais muée en évidence. Je marche, animé d'une fois confiante.

  • Bientôt, la lumière m'embrasse totalement. Sa chaleur est douce, amicale, bienveillante. Je continue d'avancer jusqu'à ce que tout l'horizon ne soit plus qu'une lumière unique dans laquelle je me laisse absorber. La nuit se dissipe dans l'espace d'un souffle. Je suis sorti de l'obscurité sans m'en rendre compte. Je suis « entré » dans la lumière sans en être conscient...

  • J'ouvre grand les yeux. C'est la première fois que je vois si nettement, mais je ne vois rien d'autre qu'une lumière blanche, pure et aveuglante ! Je suis noyé dans la lumière. Je ne vois pas les contours du monde, je ne vois pas les contours de mon corps. Tout n'est que lumière ! Je vois sans savoir que je « vois », car tout est blanc. Totalement immergé dans cette lumière, le souvenir de l'obscurité, d'une chose et de son opposé, glisse et m'échappe. 

  • Tout ce que je vois est « tout ce qui est ». La conscience de mon corps, de ma propre existence, tout s'estompe dans un soupir, en emportant avec lui le souvenir de la nuit. Je ne suis plus que lumière...


Dans son livre « Les quatre accords Toltèques », le chaman mexicain Don Miguel Ruiz, décrit l'esprit comme un « brouillard » ou un « mur de fumée », le mitote - un Rêve éveillé aux dimensions de l'humanité toute entière - qui nous empêche de savoir qui nous sommes. « En Inde, on l'appelle māyā, illusion. C'est l'idée que se fait la personnalité du Je suis. Tout ce que vous croyez à propos de vous-même et du monde, tous les concepts et les programmes que vous avez en tête, tout cela est le mitote[i]. Nous ne pouvons voir qui nous sommes vraiment, ni même que nous ne sommes pas » QAT-15.

Selon le bouddhisme tibétain, « la vue de l'ensemble périssable » est le fait de voir (de manière erronée) la somme des « agrégats » impermanents constitutifs de notre corps comme ayant «l'aspect d'un je, d'un moi ou d'un mien » IPPB-26 auquel nous nous identifions. Cette croyance ne résiste pas à une analyse réductionniste qui met en évidence qu'il n'existe nulle part dans notre corps quoique que ce soit qui puisse être nommé « je ». « Il n'existe pas de personne qui serait une entité unique et permanente » IPPVB-26.

La « vue erronée du moi » recoupe la notion de « moi-récit » auto-justifié qui s'écrit lui mème, à mesure des expériences, événements et épreuves de la vie. C'est l'ensemble des histoires que je me raconte (et que je ne cesse de ressasser) à propos de celui que je crois être, et dont la rhétorique du discours finit par s'édifier en système, « votre existence est totalement dominée par le système de croyances que vous avez assimilé. C'est ce que vous croyez qui engendre l'histoire que vous vivez et qui génère les émotions que vous éprouvez » CAT-28.

La manière dont je perçois, ressens et vis chaque événement donne lieu à un « conte » qui vient s'ajouter à une collection débutée dès le moment où je commençai à croire aux légendes pour enfants. Une croyance attisée par la tendance innée de notre espèce à aimer se faire peur, pour mieux combattre le danger ou parce que le mème[ii] du culte des idoles se nourrit de la peur...

Ma confusion est implicite. Celui que je crois être est une « fable », un « récit imaginaire » que je me raconte (sans en avoir conscience), mais à travers l'illusion duquel je prends conscience de « moi ». A l'instar de l'obscurité dans laquelle j'évolue sans le savoir, je ne suis pas conscient de mon identification à cette « fable », car je me suis toujours connu tel qu'elle m'en renvoyait l'image ! Ou devrais-je dire, plus exactement, tel que je me renvoie une certaine image de moi-même, des autres et du monde, dans un accord tacite.

L'origine de l'idée de « qui je suis » s'est forgée bien avant ma naissance, à partir des «fables » que mes parents se racontaient à propos d'eux-mêmes, en regard des «fables» que leurs propres parents leurs racontaient... Le « moi » est une idée contagieuse que chacun contribue à propager.

Chaque « moi-récit » est formaté selon un modèle compartimenté, fractionné sur un arbitraire basé sur la biologie (naissance, enfance, adolescence, âge adulte, vieillesse), sur la société (école, métier, mariage...), etc., ce que Don Miguel Ruiz appelle le «processus de domestication». « Tout était déjà là : toutes ces règles concernant la façon de se comporter existaient avant notre naissance (...) Au cours de notre domestication, toutes les règles et les valeurs de notre famille et de la société nous sont imposées » CAT-17.

Cette « fable globale », Don Ruiz la nomme le « rêve de la planète ». Chacun de nous en est une parcelle, une facette. La « fable » de qui je crois être prend racine dans un «inconscient collectif », un « océan de fables » qui se perd dans la nuit des temps, incluant non seulement l'ensemble des êtres humains vivants, mais tous ceux qui ont vécus avant nous.

La « fable du moi » comprend de nombreux récits, c'est une mythologie dont les histoires ne sont pas toujours concordantes, comme écrites par des auteurs différents [iii]. A de brefs moments, des dissonances surgissent. J'ai alors l'impression que quelque chose « sonne faux », que je me raconte des histoires ! Et puis, la force de l'habitude l'emporte. Je trouve toujours à les justifier et je retombe sous leur emprise. Après tout, je ne sais pas me penser autrement et je ne m'arrête (souvent) pas à m'interroger...

Ma « fable » me dit pourquoi « je suis comme je suis », « j'agis comme je le fais », « pourquoi quoi que je fasse, il m'arrive toujours la même chose », etc. Ce n'est pas toujours valorisant, c'est même bien souvent le contraire ! Mais, même si je persiste à me croire convaincu que « je n'ai pas droit au bonheur car l'univers s'est ligué contre moi », je me raccroche à la branche et ça me rassure... au point d'oublier que je suis suspendu dans le vide !

J'ai tissé ma « fable » sur des informations sélectives, des biais de pensées, sur des mensonges qui me font sombrer toujours plus profondément dans le brouillard. « Cette structure les Toltèques la nomment notre mental. C'est la structure des croyances que nous cultivons à notre sujet (...) qui nous confère notre identité (...) avec toutes ses composantes de jugement » CAT-45.

Cette structure est schizophrénique. Elle m'entraîne à agir selon une certaine conception du «moi-récit » (que je crois implicitement vraie) tout en adoptant en même temps la posture du «moi-juge » de mes actes. « Notre système de croyances devient notre grand juge intérieur, mais aussi notre plus grande victime, puisqu'il commence par nous juger, puis nous punir » QAT-45.

La « vue erronée du moi » est un (auto)conditionnement qui nous pousse à formuler des suppositions (obsessionnelles) de sorte à nous empêcher de remettre en question la «fable» qui origine nos souffrances !

Dès lors que notre jugement émane d'une « fable » erronée, il ne peut que nous entraîner à émettre des suppositions biaisées, ce qui a pour effet d'engendrer toujours plus d'afflictions mentales ! Tant que nous demeurerons sous l'emprise de « vues erronées », nos suppositions ne feront qu'alimenter notre enfer personnel. 

La « fable du moi » est le « garrot du samsāra » que nous resserrons sur nous-mêmes à chaque pensée.

Ce qui est étonnant avec la métaphore d'être perdu dans un « nuage de fumée », c'est de savoir qu'il nous est possible de nous en extraire ! Comme si pouvions voir une lueur salvatrice malgré l'opacité de notre aveuglement, comme si nous possédions une sorte de boussole intérieure qui nous guide vers la lumière... 

Comment cela serait-il possible si nous étions sans repère, si nous n'avions jamais vu la lumière et ignorions jusqu'à son existence ? Comment nous serait-il possible de sortir de ce brouillard du rêve sans nous dissoudre aussitôt si, comme le disait Shakespeare, «nous sommes de l'étoffe dont les songes sont faits[iv] » ?

« Connais-toi toi-même » dit la célèbre devise inscrite au fronton du temple de Delphes. Mais, tel Icare se brûlant les ailes en approchant du soleil, il nous faut prendre garde de ne pas renforcer l'héliotropisme[v] du « moi » en cherchant à nous en libérer... Le « moi » possède un «pouvoir causal », mais son caractère affabulé nous fait croire qu'il existe «par lui-même », telle une entité autonome, consciente de son potentiel, libre de ses choix, capable de s'améliorer, de se dépasser... Le caractère « affabulé » des solutions auxquels nous recourrons pour tenter de le « connaître » couvre un large spectre, des sciences du comportement aux thérapies alternatives.

Tout ce qui nous fait prendre la « vue erronée du moi » pour réelle est une «affabulation». Le terme n'est pas péjoratif. Il est synonyme de « vue de l'esprit ». Tout n'est que « fable », la science comme la religion, la philosophie comme le développement personnel. Croire que la science est différente parce qu'il est possible de la « vérifier » relève d'une fable ! Et toute «fable » possède un pouvoir d'efficience, comme l'illustre les dérives intégristes des religions, basées sur une croyance littérale - comment peut-on croire possible de saisir l'inconnaissable via une cognition finie ? -.

Certes, pour guérir une maladie, il faut la connaître. La « conscientisation » est la clé du «travail sur soi », mais la maladie peut troubler et déformer notre vision sans que nous en ayons conscience ! La connaissance est délivrance à condition de nous délivrer, y compris, de la connaissance elle-même, « parce que toute doctrine, produit de conceptions nées dans la sphère du relatif, est le fruit de l'imagination » CT-74.

Devons-nous faire toute la lumière sur les influences, conscientes et inconscientes, conditionnées et conditionnant qui nous dirigent ?

L'important n'est pas de connaître parfaitement le « moi » - cela est-il seulement possible ? - mais de cesser de croire dans la « fable » de sa « vue erronée ». Connaître la chaîne d'interdépendances causales qui origine mon affliction y changera-t-il quelque chose ? Savoir que je tiens une croyance de mes parents, de ma mère et de sa mère avant elle (ou bien au-delà encore), me permet-il de mettre un terme (définitif) à mon tourment et de trouver (enfin) la paix et le calme intérieur ?

La vérité est que le « moi » ne réalisera jamais la Joie, car il n'est pas la Joie. La « vue du moi » ne peut (ni ne veut) guérir, car elle est la maladie.Une maladie virale et comme tout virus, cette « fable mémétique » cherche à propager son code et pour cela, elle nous pousse à inventer de nouvelles « fables » pour la soigner ! Encore une fois, il n'y a rien là de péjoratif ni de critique dans mon propos. Une « fable », c'est ce en quoi je crois. Cela recouvre aussi bien les sciences exactes, que les sciences « humaines », les thérapies énergétiques, le développement personnel, etc.

La « fable mémétique du moi » est passée maître dans l'art de dissimuler son implication dans l'origine de nos souffrances. L'une de ses perfidies est de nous faire croire que la perfectibilité du « moi » (sa transformation, son amendement) est la condition de notre guérison. Nous croyons pouvoir connaître le « moi », mais nous courrons après un leurre ! Pour nous libérer, il nous faut comprendre en quoi sa vue est erronée.

Ce dont je souffre, c'est la confusion de croire possible de guérir ce qui me rend malade ! C'est comme anesthésier ma douleur sans soigner ce qui la provoque. Nous nous évertuons ainsi à vouloir « conscientiser » ce qui, par définition, est hors de portée du conscient, alors que paradoxalement ce que nous sommes vraiment est à portée d'un changement de regard !

Ce que nous connaissons de l'inconscient est une représentation élaborée à partir d'un langage fait de symboles qui remportent notre accord tacite. « Ces symboles nous disent ce que nous croyons à notre propos ; ils nous signifient ce que nous sommes et ne sommes pas, ce qui est possible et ne l'est pas. La voix de la connaissance nous dit tout ce que nous savons, mais qui nous dit si ce que nous savons est la vérité ? » CAT-21

Le véritable objectif n'est pas hors de nous, il est en nous, il est nous ! « Votre moi véritable est au-delà de tout ce que vous savez, il est la vérité. Vous-même, vous êtes la vérité, mais ce que vous croyez à votre sujet n'est pas réel » CAT-28.

Le « travail sur soi » n'en a pas moins des effets positifs. Est-ce parce que « l'homme est littéralement et jusqu'au plus profond de ses cellules infiltrées de programmations d'ordre karmique, culturel et affectif qui sont autant d'obstacles à tout changement[vi] » et que les nettoyer est la condition sine qua none pour amener à la paix intérieure ?

Ce serait négliger un élément important de l'équation. Ce en quoi nous croyons advient à l'existence. « Vous devenez ce que vous croyez être. Dès lors, la première question à se poser est la suivante : « Que croyez-vous être ? » CAT-28. 

Que croyez-vous être, la maladie ou le malade ?

Ce n'est pas le miroir qui crée le reflet, c'est la lumière qui s'y réfracte. Si se connaître soi-même est efficient, c'est parce que cela fait « exister » ce sur quoi nous plaçons le focus : le remède avec le mal ! « Vous devenez ce que vous croyez être » CAT-28. Croire que vous êtes «sous emprise » vous met sous emprise ! C'est une forme d'autohypnose. Mais, cela va bien au-delà... Votre croyance fait littéralement « exister » cette emprise ainsi que le moyen de vous en libérer. Et pourtant, rien de tout cela n'est «réel » !

Au sens bouddhiste, est « réel » ce qui est à lui-même sa propre cause. Or, tout est vacuité, rien n'existe en soi, d'une manière autonome et autogène. Tout ce que nous voyons (y compris ce que nous ne voyons pas) est le résultat de phénomènes produits par l'interdépendance de l'infinie diversité de l'infinie combinaison de chaînes de causalité (et rien de tout cela n'est permanent). 

Selon Einstein, « C'est la théorie qui décide ce que nous pouvons observer[vii] » et selon Kant «L'esprit ne tire pas ses lois de la nature, mais le leur prescrit[viii] ». La mesure quantique ne révèle pas la position de l'électron, elle le fait littéralement « exister » sous une forme locale! L'onde ou le corpuscule, ses propriétés, leurs valeurs, tous ces éléments dépendent et résultent de « l'observation » (la mesure), qui elle-même dépend d'une infinité de paramètres interdépendants. C'est notre vision (réductionniste) qui délimite des frontières, « le monde relatif n'est point une sphère limitée qu'une démarcation rigide sépare de la sphère d'un monde réel. Il n'existe nulle part de démarcation rigide, tout s'interpénètre. Le monde relatif est le Vide-Réalité et le Vide-Réalité est le monde relatif » ESBT-118.

Le précepte « connais-toi toi-même » ne vise pas à révéler une chose cachée (derrière le conventionnel) « et tu connaîtras l'Univers et les dieux » (l'ultime), mais à la faire exister ! Tout ce en quoi nous croyons, l'inconscient, les dieux (Dieu !), tout n'est que « fable » et tout «existe », mais rien de tout cela n'est « réel » ! Ce qui fait également de ce point de vue lui-même... une « fable » ! La vérité est vacuité. « Il n'y a ni cessation ni production, ni impermanence ni permanence, ni différence ni identité » BB-252.

Tout phénomène qui reflète la lumière se réfléchit sur un miroir. Je peux le voir et attester de son « existence », pourtant il est impalpable et la surface sur lequel il se réfléchit est, elle-même, de nature phénoménale... Je peux attester de « l'existence » de ce que je vois en rêve, mais je ne peux prouver la « réalité » de ce qui les rêve... Tout ce qui reflète mes croyances se réfléchit sur le miroir de ma conscience (mentale)

Ce miroir existe-t-il ? Peut-être ne suis-je fait que de l'étoffe dont ma croyance est faite ?

« Connais-toi toi-même », c'est dépasser la « fable » de la « vue erronée du moi », c'est dépasser toute doctrine (le non-soi du Bouddhisme comme le Soi du Védanta). C'est aller «au-delà du par-delà » de toute dualité. Tout est une question de vue, «nirvāna et saṃsāra, relativité et réalité, sont des modes que notre esprit crée, les attribuant à l'inconnaissable » ESBT-118.

« Ne faites pas de supposition » dit le troisième accord toltèque, car nourrir une « fable» sur celui que je crois être, c'est le devenir ! En émettant d'incessantes spéculations sur une «fable», je lui confère « l'existence », comme la mesure donne localité et concrétude à un «objet quantique ».

Emettre des conjectures n'est pas négatif en soi. Supposer optimise nos chances. C'est un comportement issu de la sélection naturelle. Anticiper le danger permet de nous en prémunir. Mais, parce que prévoir, c'est par défaut présager du pire afin de chercher à l'éviter, présupposer est donc une activité mentale biaisée ! En faisant des suppositions, nous ne visons pas un tableau exhaustif de ce qui peut ou de ce qui ne peut pas se produire, nous cherchons à valider notre « point de vue ».

Supposer revient à accréditer la « fable du moi » : ma vision de la vie ; ma perception des autres ; ce qui me pousse à émettre ces suppositions ; ce qui me pousse à «travailler sur moi », à suivre la voie du bouddhisme ; ce qui me pousse à nourrir, renforcer, cette « fable » en y liant chaque nouveau fait pour me convaincre de sa pertinence... Les pseudo preuves que je réunis (me) semblent factuelles. Mais, je ne peux en déduire qu'une « fable » est « vraie » parce que je ne m'intéresse qu'aux faits qui accréditent ce que je cherche à prouver ! La supposition est un serpent qui se mord la queue...

Le « moi » est une « fable », une histoire inventée de toutes pièces, faite de suppositions partiales et sélectives, que je me raconte à propos de celui que je crois être. Arrêter de faire des suppositions, c'est « ne pas en faire une affaire personnelle », le second accord toltèque. Sous l'approche bouddhiste, cela revient à contrer l'héliotropisme du «moi ». Dans l'intention de se détacher de la « vue erronée du moi », c'est cesser de croire que les choses m'arrivent à «moi », pour m'ouvrir et embrasser ce qui arrive, en m'abandonnant à ce qui fait que cela arrive.

Le point de vue d'un tiers rétabli une certaine objectivité. Ce qui distingue les sciences exactes des sciences dites « humaines », ce n'est pas la vérité. Tout est le produit de phénomènes interdépendants. Une théorie scientifique est donc, elle aussi, « fable ». Sa particularité, c'est que les scientifiques vont y croire tant que « l'épreuve des faits » (l'expérience) ne la réfute pas.

A l'instar d'Einstein et de Kant, pour le philosophe des sciences Karl Popper, « la théorie vient avant les faits : les hypothèses précèdent et orientent l'observation[ix] ». La validité d'une théorie ne se fonde pas sur la confirmation, mais sur la réfutabilité, « le critère de la scientificité d'une théorie réside dans la possibilité de l'invalider, de la réfuter ou encore de la tester[x] ».

La souffrance est un feu qui me brûle de l'intérieur. Mes suppositions et mes émotions attisent son brasier. Plus le « système de croyances » qui me gouvernent me fait émettre de suppositions négatives, plus les afflictions mentales me consument. Le (bon) thérapeute tient un discours cohérent de suppositions positives qui concourent à éteindre l'incendie. Il m'apporte un point de vue objectif qui contrebalance les croyances (enracinées) en moi.

Le thérapeute est l'antithèse positive à mes spéculations négatives.

Dès lors qu'une personne croit dans le système de pensée de la thérapie qu'elle accepte de suivre, le remède prescrit par cette « fable » se met à exister et l'énergie que le sujet y puise s'oppose à la cause du mal dont sa force en la même croyance a concrétisé (donner forme) à son objet. Cela peut permettre d'éteindre l'incendie, temporairement voire durablement, bien que souvent celui-ci reprenne (souvent) à partir de quelques braises...

Mais, si une « fable » existe à partir du moment où je me mets à y croire, comment peut-elle être à l'origine du mal qui me ronge depuis si longtemps ?

Ma souffrance a son origine dans le passé (pas uniquement le mien !). Les thérapies sont des «vues » sur mes souffrances, comme les interprétations des tâches du test de Rorschach, des formes animales dans les nuages où des fées qui semblent danser dans le feu... Ces supports existent, mais ce que j'y vois, ce sont des projections mentales, des vues de l'esprit.

Ma « mythologie personnelle » a des racines dans les « fables » de mes parents, de la société et du « rêve de la planète ». L'existence de la « fable de la vue erronée du moi » ne débute pas à ma naissance ! Celui que je crois être existe (bien) avant ma naissance, (bien) avant la naissance de la « fable » des parents de mes parents. Les souffrances de cette « méta mythologie » constituent le courant du samsāra, dont les « fables de la vue erronée du moi » sont les formes « ni identiques ni différentes ».

Parler du « moi » dans les termes d'une « fable » peut laisser penser que la cause de nos souffrances se réduit à la sémantique et que le détachement, l'abandon et le « passer par-delà  la « vue erronée » consiste à nous libérer d'une pensée symbolique. Tout se jouerait dans le « discours mental » que je me tiens à moi-même : soit le caractère captieux de ma pensée me maintient dans l'ignorance de la « fable du moi » et nourrit la souffrance induite par mon identification à celui que je crois être ; soit l'autocompassion, la non-violence et le silence créent un espace mental de calme, de paix intérieure et de sérénité propice au surgissement de ce que je suis vraiment.

Ce discours peut donner l'impression que le vecteur de la conscientisation des causes de nos souffrances passe (uniquement) par la communication symbolique. Mais, outre le fait que les thérapies alternatives procèdent d'une dimension énergétique, la parole possède un « pouvoir d'efficience ». « La parole n'est pas seulement un son ou un symbole écrit, c'est une force (...) Si elle réussit à capter notre attention, une parole peut pénétrer notre esprit et changer toute une croyance, en mieux ou en pire » CAT-20-21.

La parole peut embraser ou étouffer le feu de nos souffrances selon que son énergie s'y ajoute ou s'y soustrait. « Selon la façon dont elle est utilisée, la parole peut vous libérer ou vous asservir » QAT-20. La parole (c.à.d. la pensée) n'est qu'une forme de «vibration énergétique » qui rayonne de ce que nous visualisons dans notre conscience mentale. Plus qu'un récit, la «fable du moi » est une énergie convulsive, une force compulsive !

« Que votre parole soit impeccable » exhorte le premier accord toltèque. Ne soyez ni violent envers les autres et surtout envers vous-mêmes. « Quand vous êtes impeccable, vous ne vous dites pas : "Je ne suis pas à la hauteur. Je ne suis pas assez fort. Je ne m'en sortirai jamais dans la vie" (...) Vous n'utilisez pas la connaissance contre vous-même pour vous juger, vous déclarer coupable et vous punir. Que votre parole soit impeccable signifie ne jamais retourner le pouvoir de la parole contre soi » CAT-30. 

Cultivez la tolérance vis-à-vis de vous et soyez compassionnel envers vous-même. «Avoir une parole impeccable, c'est faire bon usage de votre énergie ; vous l'utilisez dans le sens de la vérité et de l'amour de vous-même » CAT-22.

Pour rendre votre parole impeccable et votre pensée pure, arrêtez de faire des suppositions ! Plus je fais de suppositions aux fins d'éviter les échecs, de chercher à réaliser mes désirs, de me croire plus fort, plus je deviens intolérant, incapable d'accepter ce qui arrive et même de savourer ce qui peut (m')arriver de positif ! En cessant de faire des suppositions, je m'ouvre et j'accueille l'instant présent. Je goûte la saveur d'être « ici et maintenant » et je m'abandonne à ce qui fait que cela arrive.

Ne pas faire de supposition casse la chaîne de causalité des désirs égotistes nés sous l'emprise des mensonges de la « fable du moi » qui nourrissent le feu des afflictions mentales, causes de souffrance et carburant des émotions. Chercher à maîtriser nos émotions, c'est comme de s'attaquer aux flammes plutôt qu'à la base du feu. Comme la théorie qui vient avant les faits et décide de ce qui sera observé, ce que je suppose régit mes émotions. « C'est ce que vous croyez qui engendre l'histoire que vous vivez et qui génère les émotions que vous éprouvez » CAT-28.

Outre le fait que la colère est « la punition que je m'afflige pour la faute des autres », la colère renforce en moi la croyance qui la déclenche ! Lorsque je me mets en colère, ce n'est pas (tant) que j'en veuille à l'autre (parce que j'en fais une « affaire personnelle » ou parce que j'ai un ego démesuré qui m'érige en juge « tout-puissant »), mais parce que je renforce l'accord (tacite) que j'ai passé avec moi-même de croire à une règle

Ma colère resserre l'étau du « système de croyances » qui me gouverne. En jugeant les autres, mon émotion renforce ma propre «domestication » !

Vu sous cette perspective, la supposition ne précède pas (directement) l'émotion. L'accord avec mon « système de croyance », inscrit en moi depuis très longtemps, régit mes réactions sans que j'en ai conscience, sans que je l'invoque explicitement par des suppositions à l'égard de l'autre, ce « stimuli déclencheur » de la réaction émotionnelle de ma croyance.

Ce n'est pas l'antériorité de l'accord qui importe, c'est sa répétition. Que ma croyance soit inscrite en moi depuis l'enfance, que son origine soit trans-générationnelle (transmis à l'un de mes parents par ses propres parents), l'élément clé est « l'instant présent ». C'est par la « force de l'habitude » que je réitère mon accord à mon « système de croyances » et que je le renforce à chaque nouvelle émotion. Les suppositions que j'ai formulé (en pensées et en paroles) et que je ressasse constamment forment le tissu de la « fable » de celui que je crois être. Leurs empreintes sont inscrites dans les profondeurs de mon inconscient et chaque fois que je me laisse emporter par une émotion, je creuse davantage son ornière. « La seule façon de conserver de l'information, c'est d'être d'accord avec elle » QAT-11.

La solution pour mettre un terme à ce tourment nous vient de la nature (plus précisément du «principe d'économie »), mais aussi du chamanisme et du Bouddhisme. L'ancienneté de mon accord ne le rend pas irrévocable (rien n'est permanent). Les connexions établies dans mon cerveau forment un chemin neural balisé qui perdurent parce qu'il chemin est utilisé ! Comme une route sur laquelle il n'y a plus de passage finit par tomber en désuétude, ces connexions disparaîtront naturellement si elles ne sont plus activées.

Il ne s'agit pas simplement de laisser faire l'œuvre du temps. Lâcher-prise ne suffit pas - le lâcher-prise est d'ailleurs plus le résultat que l'effort lui-même -. Dès lors que les usagers ont l'habitude d'emprunter une route, il faut les en détourner activement pour qu'ils utilisent une autre voie. « Chaque accord dont vous souffrez et que vous brisez doit être remplacé par un nouvel accord qui vous rend heureux. Cela évitera le retour de l'ancien. Si la même place est occupée par un nouvel accord, l'ancien part à jamais » QAT-52.

La première étape pour modifier un accord est « d'être en adéquation avec soi-même » sur la nécessité et l'importance d'en changer. « Si nous sommes capables de voir que nos accords dirigent notre existence, et si nous n'aimons pas le rêve de notre vie, alors il nous faut changer ces accords » QAT-18. Pour cela, le Bouddhisme tibétain préconise de réfléchir (méditer «analytiquement ») sur les défauts et inconvénients des émotions, ainsi que sur les avantages et qualités de ne pas les laisser nous emporter.

Ce n'est pas vraiment compliqué. Ce n'est pas le constat qui pose problème, c'est plutôt la solution à appliquer pour nous en libérer... Je suis parfaitement conscient que ma colère est négative, qu'elle me fait du mal, m'empêche de trouver le calme et la paix intérieure, mais aussi qu'elle nuit à mes relations avec les autres en m'empêchant d'être tolérant et compatissant.

La seconde étape est de nous « interroger sur la croyance » qui meut une émotion, c.à.d. d'identifier et de « conscientiser » l'accord dont l'émotions est le reflet. Il n'est pas tant question de déterminer son origine que de comprendre son mécanisme de façon à pouvoir changer l'accord.

La troisième étape consiste à « opposer un antidote », c.à.d. remplacer le principe de l'accord qui sous-tend l'émotion par le principe qui sous-tend l'antidote. Il est essentiel de comprendre que l'antidote n'est pas à « opposer » à l'émotion, mais à notre croyance, dont le «poison » (l'émotion) s'est répandu dans les veines de notre esprit. Si je suis mordu par un serpent venimeux, ce n'est pas dans le serpent que je vais injecter l'antivenin !

L'autre est souvent le déclencheur de nos émotions. Aveuglés, nous nous en prenons à la personne sans voir que c'est « notre réaction » qui est en cause, « la souffrance de la douleur provient de l'esprit contaminé par une perception biaisée de la douleur » BJJNous ne sommes pas responsables de ce que les autres pensent (disent et font), nous sommes responsables de nos pensées, de nos paroles et de nos actes. L'antidote n'est pas à opposer pas à l'autre, il est à opposer à soi-même, c.à.d. non pas à notre émotion mais à notre croyance 

L'émotion est le poison, mais l'accord est la glande qui la secrète.

Je suis en colère (j'ai de l'aversion) lorsque les autres ne respectent pas les règles, lorsque les choses ne se passent pas comme je le voudrais ou que je n'obtiens pas (rapidement) ce que je souhaite, etc. Je suis en colère contre l'irrespect (et la violation) des règles parce que j'ai passé (consciemment ou non) un accord avec moi-même qui confère au respect de la loi un caractère souverain et me fait juger d'une punition adéquate comme un devoir. S'ajoute (probablement) le caractère insupportable de penser que le fautif puisse échapper à toute sanction, ce qui me fait émettre des suppositions quant aux raisons de cette incurie et m'entraîne à en faire une «affaire personnelle » !

Pour changer ces accords, je dois accepter de passer de nouveaux accords : le premier basé sur la tolérance avec moi-même, en étant conscient que je ne suis pas juge de la responsabilité des actes d'autrui ni de leur sanction - c'est à chacun d'assumer ses propres méfaits ; nous n'avons ni à nous en réjouir, ni à le plaindre, seulement à avoir de la compassion, c.à.d. souhaiter qu'il se libère de sa souffrance - ; le second accord basé sur la patience en acceptant de ne pas pouvoir tout contrôler et en reconnaissant l'œuvre (sous-jacente) de quelque chose de « plus grand que soi » - embrasser ce qui arrive et m'abandonner à ce qui fait que cela arrive -.

Ce n'est donc « pas grave » si je ne mets pas en colère contre une personne qui ne respecte pas les règles ou parce que les choses ne se passent pas comme je le souhaite : le caractère négatif et non-vertueux des actes d'une personne la rendent comptable envers elle-même d'une sanction (karmique) dont elle devra (inévitablement) s'acquitter d'une manière ou d'une autre et cela quelle que soit la durée que cela prendra ; quant à ce qui en est du second, toute chose à une raison d'être qui ne dépend pas de mon désir (attachement) et dont je comprendrai la raison et le sens en temps voulu.

Comprendre ce mécanisme est essentiel. La compréhension de la « fable du moi » n'a pas seulement une utilité (thérapeutique). Ce n'est pas parce que mon intention (de grande capacité) vise « l'ultime », que je doive pour autant abandonner tout intérêt quant à la connaissance du « conventionnel ». « Ne commettez aucun acte négatif, accumulez abondamment la vertu, maîtrisez votre propre esprit, tel est l'enseignement du Bouddha» EVL.

La maîtrise de mes émotions repose sur ma volonté de changer les accords qui dirigent ma vie. Par le pouvoir des « trois portes » (pensée, parole, acte), ce en quoi je crois accède à l'ordre de la manifestation ou retourne à celui du non-manifesté selon la direction (non vertueuse ou vertueuse) que je donne à ma vie. « Le monde des phénomènes, le samsāra, n'est qu'esprit. Si la roue de l'activité imaginative est arrêtée, le jeu du samsāra l'est aussi » CT-140.

En changeant les accords (non vertueux) du « système de croyances » qui me gouvernent, j'inhibe les émotions (négatives) qui leurs sont corrélées et j'arrête de faire des suppositions (biaisées) qui attisent ces émotions. J'arrête également de faire du non-respect de ces accords surannés une « affaire personnelle ». En adoptant de nouveaux accords (vertueux), je change mon « système de croyance » de manière positive, je rends impeccable ma parole (mes pensées et mes actes) et je mets ainsi, progressivement, un terme au cycle infernal qui nourrit et conditionne la « vue erronée du moi ».

Une telle révolution intérieure ne s'obtient qu'au prix d'un exigeant et inlassable «travail sur soi », qui requiert de la patience, de la vigilance, de l'enthousiasme et de la foi.Vous allez devoir utiliser chaque obstacle et chacune de vos souffrances comme des leviers aux fins de vous transformer. A force d'injonctions répétées, il se produira un « transfert d'énergie » du négatif vers le positif - « Chaque fois que vous rompez un accord, tout le pouvoir que vous avez mis à le créer vous revient » QAT-18 - de vos anciens vers vos nouveaux accords, qui creusera le sillon d'un nouveau « système de croyances » vertueuses que vous aurez choisi de passer avec vous-mêmes.

Si toute thérapie est une transformation, alors il ne s'agit là rien de moins que d'éliminer la cause de nos souffrances, « la fable du moi ». En arrêtant la narration de cette « fable », en arrêtant de faire des suppositions : quant à ce qui aurait pu m'arriver (alors que le passé n'existe plus !) ; quant à ce qui pourrait m'arriver (alors que le futur n'existe pas encore !) ; et quant à ce qui est (sur la base de suppositions de ce qui aurait pu m'advenir) ; je m'aperçois que ce « temps du moi » dans lequel je m'étais enfermé avec mon accord tacite n'est que pure fiction et que seul existe « l'instant présent ». « Quand on ne fait pas de suppositions (...) On voit alors la vie telle qu'elle est » CAT-42.

  • Le mythe de celui que je crois être a été forgé par le « rêve de la planète » (bien) avant ma naissance. J'ai été conditionné à croire dans la « fable du moi » (bien) avant de devenir conscient. Ce n'est que récemment que je l'ai découvert et tenté de m'en extraire. Bride par bride, je dévoile un puzzle dont le motif est si vaste que je ne sais pas si je pourrais le saisir en son entier...

  • Le« moi » est une grotte obscure or j'ai besoin d'espace et de lumière ! Le « moi » est un halètement cours or j'ai besoin de respirer profondément ! Le « moi » est un soupir or j'ai besoin d'inspire ! Ce qui me manque, ce n'est pas d'avoir, de posséder, de jouir (du matériel, du confort, de l'illusion du bonheur «conventionnel »...), ce qui me manque, c'est d'être !

« Connais-toi toi-même... », comprend ce que tu dois abandonner, ce que tu dois dépasser, ce que tu dois transformer (et comment)

 « ...et tu connaîtras l'Univers et les dieux[xi] », tu connaîtras ce qui est plus grand que soi, ta nature véritable et « ultime »...


Namasté


Références :

BB : Bouddhisme du Bouddha, Alexandra David Neel https://archive.org/details/AlexandraDavidNeelBouddhismeDuBouddha?q=Mahavagga 

BJJ : Le bonheur au jour le jour, Lama Samten https://www.centre-paramita.fr/collections/livres 

CAT : Les cinq accords Toltèques, Don Miguel Ruiz

CT : La Connaissance Transcendante, Alexandra David Neel https://archive.org/details/AlexandraDavidNeelLaConnaissanceTranscendante/page/n7?q=Prajna%2Bparamita 

ESBT : Les enseignements secrets des bouddhistes tibétains, Alexandra David Neel https://archive.org/details/AlexandraDavidNeelLesEnseignementsSecrets/page/n1 

EVL : L'essence de la voie vers l'éveil, Lama Samten https://www.centre-paramita.fr/collections/livres 

IPPB : « Interdépendance, psychologie et philosophie dans la voie bouddhiste », Lama Samten, Centre Paramita du Québec https://www.centre-paramita.fr/collections/livres 

QAT : Les quatre accords Toltèques, Don Miguel Ruiz

SED : Sankara, l'Expérience Directe https://archive.org/details/SankaraLexprienceDirecte 

 

[i] Mitote, le rêve du réel https://mastay.info/fr/posts/2/mitote-le-reve-du-reel/ 

[ii] La théorie des mèmes, Susan Blackmore

[iii] La société de l'esprit, Marvin Minsky https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Soci%C3%A9t%C3%A9_de_l%27esprit 

[iv] « Spectacle sans substance, illusoire et changeant,

Que ne suit nul vestige en son cours d'un moment ;

Car nous sommes tous faits de l'étoffe d'un rêve :

Notre courte existence en un sommeil s'achève ».

La Tempête (1611), William Shakespeare

[v] https://www.yoga-originel.fr/socrate-Gnothi-seauton 

[vi]https://www.inspirant.fr/chamans-tolteques-hommes-terre.html?fbclid=IwAR2PMZYA1lzL5-IG5Q-7UAkTPEXxe_XJWrqK8oq7UqGR1lulTek-4GxkJNE 

[vii] Heisenberg, le physicien de l'incertitude https://theconversation.com/heisenberg-le-physicien-de-lincertitude-124136 

[viii] « Nous devons donc renoncer à l'idée, selon Kant, "que nous sommes des spectateurs passifs qui attendent que la nature leur impose leurs lois. À la place de cela, nous devons définir l'idée qu'en assimilant nos sensations sensorielles, nous, les spectateurs, leur imposons l'ordre et les lois de notre esprit. Notre cosmos porte l'empreinte de notre esprit » https://diepaideia.blogspot.com/2015/05/karl-popper-und-immanuel-kant-teil-1.html 

[ix] https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Popper 

[x] Karl Popper et les critères de la scientificité https://philosciences.com/philosophie-et-science/methode-scientifique-paradigme-scientifique/112-karl-popper-et-les-criteres-de-la-scientificite 

[xi] https://www.gadlu.info/gnothi-seauton-connais-toi-toi-meme-de-patrick-carre.html