I.70 – Une relative question de référentiel
Interdépendance des conditions d'être, impermanence de la manifestation, la vacuité des phénomènes apparaît à celui qui réalise sa propre vacuité, lorsque le mouvement de ce qu'il observe disparaît au cœur du mouvement de la conscience qui l'observe.

- J'inspire lentement et j'expire lentement... En position de méditation, je flotte dans un vaste espace libre. Tout autour de moi, une multitude de Bouddha, couleur or, en position du lotus, tous identiques, parfaitement alignés, forment des rangées serrées qui, de haut en bas, dessinent la surface intérieure d'une sphère lumineuse au centre de laquelle je flotte...
- J'inspire lentement... Je perçois un mouvement, je « sens » ou je « vois » cet assemblage « comme » s'il bougeait... Sans repère, je ne sais toutefois pas si c'est moi qui tourne ou si c'est le « champ d'accumulation de bouddhas » qui gravite autour de mon axe ! J'expire lentement...
- Soudain, le bouddha situé au faîte de la voûte s'illumine d'un rouge éclatant tandis que celui situé aux antipodes se met à briller d'une couleur blanche lumineuse. Les bouddhas situés devant et derrière moi rayonnent également d'une lumière d'un bleu profond. De celui à ma droite émane une lueur verte tandis que de celui à ma gauche illumine un jaune ensoleillé...
- Leurs rayons s'étirent vers le centre. A leur contact, tout mon être devient clair et transparent. J'inspire les couleurs des cinq familles de bouddha. A l'expire, les autres bouddha rayonnent eux aussi de compassion. J'inspire les couleurs de l'amour et de la compassion, j'expire dans leurs énergies...
- J'inspire... Je tourne... Les couleurs m'indiquent que c'est dans le sens des aiguilles d'une montre. J'effectue un tour complet sur moi-même. Je me clarifie... J'expire... Les couleurs m'indiquent cette fois que c'est la sphère qui tourne. Elle effectue un tour complet dans mon expiration. J'inspire, j'expire, je me clarifie, lentement dans ce flot d'amour et de compassion...
En physique, les scientifiques utilisent un référentiel pour déterminer les caractéristiques d'un événement, c.à.d. « quelque chose qui se passe à un endroit précis de l'espace à un instant précis » TRR-SE. Afin de le qualifier, il est donc nécessaire de disposer d'un «système de référence » qui permette d'attribuer des coordonnées de type spatiales et temporelles. « Idéalement un référentiel, ce serait une sorte de grille géante en 3D avec des horloges en chaque point de la grille, qui permettent dès qu'un événement a lieu quelque part de lui attribuer des coordonnées d'espace et de temps » TRR-SE.
Un référentiel est abstrait de ce dont il rend possible la description. Les unités de mesure qu'il utilise, sa forme, sa structure, etc. sont indépendantes de ce qu'il permet de qualifier. Mais, leur caractère est conventionnel, autrement dit interdépendant de la traduction dans le langage de l'observateur de ce que son propre système de cognition lui permet de percevoir et de se représenter d'une réalité qui en son essence ultime est pure vacuité.
Comme pour le bouddhisme, pour la science l'espace n'a pas de forme en soi ! Ce n'est pas un élément qui sert de base pour établir les mesures des objets et les relations entre eux. Il n'y a pas que l'électron quantique qui doive sa réification à la mesure, l'espace n'a d'existence que relativement à elle ! « L'espace est en fait une relation (...) ce n'est pas un objet, ce n'est pas une substance, c'est une loi, une relation [géométrique] (...) seule la position de l'objet entre en jeu, pas l'objet lui-même. Il s'agit d'une relation entre des propriétés des objets, c.à.d. entre leurs positions... qui n'existent précisément pas de manière intrinsèque, mais seulement relative » PRV-7.
La « sphère de bouddhas » de ma méditation n'existe que dans le référentiel de mon «espace mental », lui-même sans dimension. La forme et la durée de ma visualisation sont relatives à ma concentration. Je pourrais tout aussi bien imaginer un alignement similaire avec les satellites en orbite autour de la Terre. L'espace qui les englobe n'aurait pas plus d'existence concrète, ce n'est pas un éther doté de substance et la durée du phénomène serait, elle aussi, interdépendante de l'observation que j'en ferais.
L'espace-temps dans lequel semble se dérouler les événements est en fait une représentation mathématique construite à l'aide de relations nominales entre des points symboliques, qui connectent des positions figurées dans un espace et un temps projetés, dont les intersections dessinent un « système de repères » conventionnel. Toutefois, dans la théorie de la relativité, « voilà le point clé : on se donne le droit de changer de système de référence. Au lieu de rester uniquement dans une référence donnée, on admet qu'on peut prendre une autre référence, c'est tout aussi valide » PRV-3.
Une nuit de pleine Lune, nous offre le spectacle de la rotation du satellite naturel de notre planète autour de celle-ci. Mais, en inversant la perspective, nous pourrions suivre la rotation de la Terre autour de la Lune ! L'objet tel qu'il apparaît à mon observation, en son apparence et ses propriétés, est relatif à la perspective que m'en donne mon référentiel. Un objet est de nature nominale et ne peut apparaître indépendamment de l'observation conventionnelle qui en est faite. La réalité telle qu'elle nous apparaît, en sa forme et sa manifestation, est le reflet du miroir de notre référentiel.
Un reflet, car la nature possède bien une réalité qui en son essence ultime est vacuité. La réalité n'est pas de nature idéelle, produit de « l'esprit seul ». Mais, ce que nous en voyons en tant qu'êtres « ordinaires » (qui n'avons pas réalisé l'Éveil) n'est qu'apparence conventionnelle.
Nous mesurons un espace intangible avec une pensée immatérielle à l'aide d'une géométrie conventionnelle et pourtant, nous éprouvons sa réalité ! Faites-en l'expérience... En posture de méditation, visualisez la pièce tourner autour de l'axe de votre corps, puis inversez et tournez autour de la pièce. Vous serez surpris de ressentir une différence ! « Quand il n'y a pas d'instrument entre vous et l'objet, l'expérience devient une chose vécue » PRV-10.
Quel est ce référentiel qui permet d'éprouver de telles sensations ?
Celui formé par les agrégats de notre corps ! Je sais que je suis ici, je sais que ce corps est le mien, je sais depuis combien de temps je suis là, etc. Autant d'évidences qui n'en sont pas ! « L'expérience subjective » par laquelle je peux affirmer que c'est moi qui vit un événement est le produit de « boucles d'informations » sensorielles reliant le corps aux aires cérébrales.
Le sentiment d'identité subjective est le résultat de flux d'activités reliant (entre autres) le corps au plan neural, à la dimension mentale, à l'espace psychologique, en une synthèse dynamique qui se traduit par le sentiment «d'être moi-même ». « J'ose me risquer à affirmer que les hommes ne sont rien d'autre qu'un faisceau ou une collection de différentes perceptions qui se succèdent les unes les autres avec une inconcevable rapidité, et qui sont dans un perpétuel flux et mouvement », David Hume[i].
Pour de pouvoir rattacher ce que je vis à ce corps avec lequel je le vis, il faut d'abord que je puisse ressentir sensoriellement ce que cela fait de tourner sur un axe tandis que le monde est immobile ou, inversement, d'éprouver la sensation que le monde est en rotation alors que je demeure immobile. Ces ressentis découlent de notre « sixième sens », la proprioception. C'est elle qui me permet de connaître la position de mon corps dans l'espace, de me savoir (et de me tenir) debout, de me savoir (et de me tenir droit) en position assise les yeux fermés, de situer chacun des membres et des parties de mon corps sans avoir à les chercher par la vue ou par le toucher...
La proprioception est un « sens synthétique ». C'est en recoupant toutes les sources d'informations captées par les récepteurs proprioceptifs situés dans la totalité de nos agrégats physiques (muscles, articulations, tendons, etc.), que notre cerveau peut élaborer un « schéma corporel », une carte en trois dimensions sur laquelle sont situées chacune de ses parties. Et c'est en actualisant, en permanence, l'état de cette carte en regard des informations reçues de ses différents composants, que notre cerveau parvient à maintenir notre équilibre de façon automatique et inconsciente PRO.
Cette carte est formée d'un nuage de points tridimensionnels sans cesse actualisés. Chacun correspond à une coordonnée spatiale d'une partie de notre corps et permet de calculer la dynamique de sa position dans l'espace et le temps. Cette « carte proprioceptive » constitue le référentiel (neural et mental) grâce auquel nous pouvons exécuter des actions, nous déplacer, interagir avec le monde qui nous entoure et avec les autres.
Tout cela s'opère à une vitesse qui en masque l'artifice sous la subjectivité de l'évidence ! C'est grâce à la proprioception que nous ressentons la gravité comme une force qui nous attire vers le bas et que nous pouvons distinguer nos pieds de notre tête. Sans la proprioception, nous ne saurions même pas que nos pieds touchent le sol ! « La position debout semble jouer un rôle de "fil aplomb" qui permet d'aligner les différentes modalités sensorielles et structurer la représentation de notre corps dans l'espace » PRO.
Sans cette carte de notre « schéma corporel », nous ne saurions distinguer l'espace occupé par nos agrégats de l'espace occupé par les objets ! Nous ne pourrions différencier notre corps du siège où nous sommes assis... Nous aurions l'impression de « faire partie » du même ensemble, sans limite définies. « La proprioception nous permet d'exister, car elle crée une frontière entre notre corps et l'espace autour de nous » PRO.
Pour être efficace, cette carte se doit d'être constamment actualisée. Chaque instant, le cerveau doit pouvoir connaître la position de chaque partie du corps et tester la fiabilité de ses récepteurs proprioceptifs. « Les capteurs proprioceptifs font un travail de renseignement constant, créant une boucle sensorimotrice entre notre cerveau et la représentation de notre corps dans l'espace, indispensable au maintien de notre posture » PRO.
Je ne pourrais identifier ces agrégats comme miens, ni les définir en tant que « corps », sans la carte de ce « schéma corporel ». La proprioception me donne la sensation de la corporéité, mais elle ne me dit pas que ce référentiel est mon corps, ni ne me fait éprouver le sentiment de possession identitaire.
Il y a donc une boucle sensorielle qui relie la (re)connaissance des agrégats synthétisés sous la vue du « schéma corporel » avec une aire cérébrale - probablement l'hippocampe, supputé dans la définition de l'identification du « sentiment d'identité personnelle » - afin que puisse s'établir l'identification qui me permette de reconnaître, subjectivement, ce corps comme le mien. Et cette boucle doit également être reliée à l'aire de mon cerveau qui stocke la mémoire - reconnue autobiographique grâce à une autre boucle -, de sorte que je puisse rapporter mes actions corporelles à mon identité personnelle dans le ressenti du sentiment subjectif de mon vécu...
Cette « base d'imputation » psychocorporelle qui émule le sentiment de la « conscience de soi », indivisible et infrangible, m'apparaît implicite. Or, cet équilibre résulte de l'interdépendance de mécanismes complexes dont nous ne percevons pas la fragilité de la subtile « alchimie psychophysique ». A l'instar de la proprioception, le « sentiment d'identité de soi » est, en permanence, si dynamiquement et rapidement réajusté que son caractère synthétique ne transparaît qu'à travers ces dysfonctionnements.
Les substances hallucinogènes peuvent ainsi entraîner l'inhibition temporaire et positive de l'ego. « Positive », car contrairement à l'inhibition de la proprioception (qui place la personne en incapacité de se mouvoir de manière autonome), ce « phénomène de dissolution de l'ego se caractérise par la réduction de la conscience autoréférentielle qui définit la conscience de veille normale, brisant finalement les frontières du monde du soi et augmentant le sentiment d'unité avec les autres et son environnement »[ii].
Cet « état de conscience modifié » témoigne de la proximité entre les référentiels et de la porosité de leurs frontières, à l'intersection desquelles se produit le basculement entre l'égocentrisme et l'allocentrisme, dont les forces opposées découlent du sens du mouvement de l'information sensorielle.
Ce qui est intéressant, c'est de voir que selon son sens ce mouvement, qui s'effectue sur les plans physique et psychologique, produit deux types différents de comportement à travers la posture proprioceptive et l'attitude de l'esprit : l'un centripète et narcissique qui, dans la « préoccupation du moi », ramène vers le centre de la personne ; l'autre centrifuge et altruiste qui, dans la « préoccupation des autres », ouvre l'horizon de l'être vers l'extérieur.

Le sens de ce mouvement met en évidence que ces référentiels « ne sont pas deux » par essence. Leur opposition et leur dualité résultent d'un effet de perspective. « La relativité, c'est une expérience. Nous nous approchons de la vérité uniquement au moment où l'esprit se retourne. Là vous êtes dans la vérité parce qu'il n'y a plus de mouvement absolu » PRV-5.
Lorsque deux entités
Ne peuvent être établies ni comme identiques,
Ni comme différentes,
Quelle existence réelle pourrait-on leur attribuer ? VVM-10
Il y a comme un même « effet de gravité » dans le repli, mental et matériel, de l'effondrement gravitationnel vers le « centre d'attraction du moi », et dans l'autre sens, spirituel et corporel, de l'ouverture vers les autres. Puisque le mouvement n'a pas d'essence propre, que « pour toutes les choses qui participent du mouvement, le mouvement est comme rien, le mouvement est comme s'il n'était pas » PRV-3 et puisque la gravité est « le plus court chemin à travers un espace courbe », le retournement de l'égoïsme en compassion est une question de trajectoire, de voie et de méthode !
Il peut paraître étonnant que le « sentiment d'identité personnelle » soit une construction synthétique dès lors que la perception que j'ai, implicitement, de moi semble affirmer le contraire eut égard à la stabilité et à la persistance de ma conscience (à l'état de veille). « Lorsque nous découvrons de quoi nous sommes faits et comment nous sommes assemblés, nous découvrons un processus sans fin de construction et de démolition (...) il est stupéfiant que nous ayons le moins du monde un sentiment de soi » SMS-189.
Cette conscience psychophysique est une émulation de mes agrégats, élaborée de telle manière que sa « structuration synthétique » et interdépendante me fasse m'apparaître, implicitement, comme existant en propre d'une manière autonome ! «C'est une autre reconstruction un schéma vulnérable d'opérations intégrées qui a pour conséquence d'engendrer la représentation mentale d'un être individuel vivant » SMS-190.
La science explicite ce « sentiment de continuité » du moi sous l'optique du fonctionnalisme - « La pensée est la fonction réalisée biologiquement dans notre organisme qui transforme des entrées sensorielles en comportements » CS - par la persistance du « plan de construction de la structure de notre organisme et les points décisifs pour le fonctionnement de ses parties. Appelons-les l'esprit de la forme et l'esprit de la fonction » SMS-189.
Les neurosciences et la philosophie de l'esprit rejoignent ainsi la philosophie bouddhiste tibétaine qui définit la conscience comme un phénomène impermanent qui accompagne l'esprit et dont la phénoménalité se distingue de sa nature qui est vacuité, « claire lumière », pur connaissant.
Le « sentiment du moi » est une construction. C'est le résultat d'un mouvement d'agrégation de composés psychophysiques interdépendants : le corps ; la phénoménologie mentale ; le « continuum de l'état d'esprit (ou de la nature pure de) l'esprit qui réside continuellement ». Le sens égocentré de ce mouvement entraîne une égocentration dont le résultat est de se percevoir et de se penser comme un en-soi.
La formule de Descartes, « je pense donc je suis », postule que la pensée est le reflet de l'essence intrinsèque d'un Soi immanent. La science et la philosophie bouddhiste tibétaine arguent, a contrario, de son caractère synthétique. La pensée consciente émerge, tel un épiphénomène, du jeu complexe de l'interaction de mécanismes neuronaux, d'opérations mentales, de processus psychiques sur fond de vacuité. La pensée est mouvement constant. De la dynamique de phénomènes psychophysiques interdépendants surgit le sentiment synthétique de l'identité subjective.
La science et la philosophie bouddhiste tibétaine nous permettent également de comprendre que le monde tel qu'il nous apparaît n'est pas le monde tel qu'il est, mais une représentation élaborée de manière nominale dans, et par, le même mouvement de synthèse qui produit l'illusion du sentiment identitaire d'un soi autonome de la personne. Une représentation qui présente un caractère illusoire tel qu'il la fait apparaître, implicitement, à la conscience qui la produit, comme une réalité naturelle, indépendante et existante en-soi. Il est donc plus juste de dire : je pense donc... je suis ce mouvement qui se perçoit comme pensée sans percevoir ce qui le produit.
La nature erronée et illusoire de l'ainsité du soi de la personne se reflète dans la perception illusoire et erronée de l'ainsité du soi des phénomènes, lorsque l'observation modifie l'observateur en interaction de la détermination de l'observé (perçu conventionnellement comme conjointe et simultanée). Le monde extérieur tel qu'il m'apparaît s'élabore sous la même perspective sous laquelle je m'apparais en mon monde intérieur tel qu'à moi-même.
Le « schéma corporel » de la représentation de mon corps dans l'espace se construit en parallèle à la représentation de l'espace autour de mon corps. Les informations sensorielles captées par les récepteurs de la proprioception permettent au cerveau de situer le corps dans l'espace en même temps que de former l'image de l'environnement. Cette émulation concomitante forme une boucle qui dessine le tableau d'une « réalité » où la conscience du monde partage le caractère subjectif de la conscience de soi.
Les deux schémas s'alimentent mutuellement, mais chez les êtres ordinaires mus par leurs émotions perturbatrices, c'est le plus souvent la représentation du monde qui est adaptée (voire « pliée ») pour correspondre aux désirs du « moi » égocentré plutôt que le contraire, c.à.d. actualisée dans « la sérénité d'accepter les choses qui ne peuvent être changées, le courage de changer celles qui devraient l'être et la sagesse de les distinguer »[iii].
Le monde semble réel, indépendant des productions de notre esprit, tant qu'une situation d'isolement radical, un ascétisme extrême, des substances hallucinogènes, des lésions neurales ou des dérèglements psychotiques, ne viennent dévoiler la communauté de leurs « élaborations conceptuelles ».
L'intérêt de ce point de vue est d'unifier sous un même concept opératoire : le corps en tant que « structure dynamique composite » d'agrégats matériels ; la conscience en tant qu'« instance active synthétique », « facteur mental » produite de l'activité fonctionnelle du cerveau ; « le continuum de l'esprit qui réside continuellement » comme faculté de connaissance claire et lumineuse.

En son essence, le « continuum (de Claire lumière) de (la nature de)l'esprit qui réside continuellement » est la nature de Bouddha. Toutefois, enchâssé dans la vue du conventionnel, ce continuum est contaminé par : le sentiment du moi imputé sur une base psychophysique ; l'ignorance ou la croyance dans l'en-soi de sa personne ; les «afflictions mentales » fruits des émotions perturbatrices ; le karman conséquence des actes non vertueux. Le point essentiel est que ces voiles, qui en font le « continuum d'un état d'esprit voilé qui persiste perpétuellement », constitue un référentiel.
Ce n'est pas que nous n'ayons pas encore réalisé notre bouddhéité, c'est que sous l'apparence de la forme, nous ne réalisons pas que telle est notre véritable nature ! En sa vacuité, l'état du continuum de la nature de notre esprit est déjà Bouddha, mais sous la perspective conventionnelle que nous donne son « référentiel voilé », la bouddhéité apparaît comme un potentiel ! Sous cette vue, pour réaliser l'état de Bouddha, il nous faut suivre la voie qui permet de développer les « graines de Bouddha». « La nature de l'esprit n'est pas l'esprit. L'esprit est un épiphénomène, conditionné, émergeant d'une nature non conditionnée, la nature de Bouddha, qui est une trame vide et lumineuse, au-delà du temps, transcendante »[iv].
La notion de référentiel éclaire la question de la mort, de la réincarnation et du karman. Étant donné que la base ultime de ce référentiel est vacuité, elle ne disparaît pas lors de la dés-agrégation psychophysique des composés impermanents, constitutifs de l'émulation de l'esprit conscient sur la base d'imputation du sentiment de la conscience de soi et de l'identité subjective.
Le référentiel formant le « continuum de l'état d'esprit voilé qui persiste perpétuellement » est le reflet des contaminations par les passions et le karman. Ce sont les voiles formant ce référentiel qui nous maintiennent prisonnier du cycle des morts et des renaissances.
La mort n'est que la destruction de l'interface par laquelle les contaminants continuent d'exercer, indéfiniment, une influence corruptrice, non vertueuse, sur ce référentiel et l'empêchent de réaliser (par la vue pénétrante) qu'en sa nature fondamentale son continuum est déjà Bouddha. Rien ne se réincarne ni ne transmigre ! La vie et la mort ne dessinent pas le tracé discontinu d'un Soi immanent, transmigrant de corps en corps, mais des phases ou bardos successifs qui ne sont que les changements conventionnels de ce qui demeure en sa nature fondamentale identique et inchangé.
Si l'on suit cette logique, de ce que j'appelle « moi » (au sens holistique d'une «enveloppe psychophysique » bâtie autour de l'architecture du « référentiel de l'esprit voilé » basée sur le continuum de la nature de Bouddha qui réside continuellement) seule l'assise ultime est permanente. « Je » suis le produit d'une émulation qui s'accompagne d'un sentiment subjectif qui n'existe que relativement à elle et cessera avec son activité !
Le sentiment d'être moi est le produit de boucles psychosensorielles interdépendantes. A ma mort, je ne cesserai pas d'être conscient d'exister, ce « je » n'existera plus ! Seule demeurera la nature fondamentale d'un esprit « clair et lumineux » que je qualifie de « mien » comme si le sentiment de mon identité subjective était intrinsèque, alors qu'il est dépourvu d'en-soi !

Le « sentiment de moi » est un bardo relatif à cette vie. Le « continuum de la nature de l'esprit qui réside continuellement » perdurera toujours, mais tant qu'il sera contaminé, la dynamique « d'enveloppement psychophysique » émulera autant de «je » distincts que de vies. Tous seront différents et tous auront en commun « l'identité » de leur nature, ni la même (en sa forme conventionnelle), ni différente (en sa réalité ultime) !
Ces « je » successifs placés côte à côte, par-delà leurs différences (corps, sexe, personnalité, etc.) ont tous en commun d'être mû par les mêmes contaminants karmiques. Leurs afflictions sont les mêmes sous des formes différentes, car leur «référentiel voilé » est structurel. Nous sommes « la somme de tous les autres »... nous-mêmes !
Et si à lire ces lignes vous éprouvez de l'angoisse à l'idée de disparaître, c'est que vous êtes attachés au « je » (à la partie périssable). Renoncez-y et reconnaissez-vous comme étant la nature véritable de Bouddha... Certes, il est paradoxal de clamer « se reconnaître » (formulation qui sous-entend l'identité) dans ce qui, par essence, est dépourvu d'identité ! C'est là le point essentiel, l'illusion du « sentiment identitaire » et son emprise, qui par définition est incapable de percevoir sa nature illusoire.
Dans le christianisme, la croyance dans la vie après la mort postule le caractère éternel de la personne sur la base du caractère intrinsèque du « sentiment de soi » inhérent à l'âme individuelle. Dans l'hindouisme, issue du Vedanta et donc dans la philosophie du yoga, « l'unité » de l'atman avec le brahman est une fusion de l'individu dans le Tout, où se dissipe le sentiment « d'identité unitaire » de la personne. Le Samadhi du yoga de Patanjali est « l'unité du connaissant, du connaissable et du connu », dans laquelle le connaissant est détaché de tout sentiment de soi.
Gautama a réalisé sa nature de Bouddha de son vivant et donc, serions-nous tentés d'arguer, sous l'égide d'un sentiment identitaire. Si une empreinte ou une rémanence de l'ego subsiste à la libération du nirvāna, toute trace et tout voile disparaît à l'Éveil. L'union du yoga comme la réalisation de la nature de Bouddha induisent de réaliser l'abstraction complète du sujet à l'objet de sa connaissance.
Nous ne réalisons par «notre » nature véritable par le truchement du sentiment identitaire que nous confère l'artifice de la subjectivité d'une conscience synthétique. Cette réalisation est celle de la « connaissance du connaissant » en une saisie directe, claire et lumineuse, abstraite de toute conception et de tout sentiment subjectif. « Cette réalisation de l'esprit en lui-même n'est pas un objet de savoir (...) quand l'esprit se connaît, il n'y a plus d'objet de connaissance puisqu'il s'agit d'une perception non duelle, indicible, ineffable, inconcevable. C'est une expérience propre à l'esprit qui se reconnaît lui-même » [V].
L'illusion de subjectivité induite par le sentiment du moi nous fait rechercher un bonheur illusoire à travers les artifices de nos passions empoisonnées, ce qui renforce notre ignorance et nous entraîne dans un cycle de souffrances infinies, alimentées par le mouvement centrifuge des effets karmiques des actes non vertueux que nous commettons sous l'égide de sa contamination.

La personne est vide d'en-soi, mais le mouvement
égocentré dont elle est issue lui confère un pouvoir d'efficience. Sa force centrifuge
(narcissique) engendre des courants de marées (égotistes) qui nous
entraînent, de vie en vie, dans le puit cosmique de la singularité (du moi),
qui nous maintient prisonnier de son enfer gravitationnel (le samsāra)
par ses forces induites : la « force d'attraction » du désir-attachement
centrifuge pour les objets illusoires du bonheur ; la « force de
répulsion » ou l'aversion (la colère) à l'éloignement centripète de son
illusion ; la « force de pression » ou la jalousie à l'irritation de la
vue des autres possédant les ersatz du bonheur que nous convoitons ; la
« force l'expansion » ou l'orgueil démesuré de la
supériorité de l'ego...
Dans un espace mental courbe, « l'attraction gravitationnelle » du désir-attachement de nos passions et de nos émotions perturbatrices est le plus court chemin vers l'enfer du samsāra. Logiquement le chemin inverse, qui passe par l'accumulation d'une énergie de « fronde gravitationnelle » nécessaire pour nous extraire de l'emprise de l'ego, est plus long... Sous notre « référentiel égotiste », nous demeurons captifs d'un « horizon des événements » sous la vue duquel tout n'est que souffrance. Cependant, à la différence d'une singularité cosmique, le « trou noir » d'un karman négatif est notre création. Nous le nourrissons et le faisons grandir, de vie en vie, par les facteurs qui président aux actes non vertueux. C'est à nous seuls qu'il revient le choix de nous libérer. Le bouddhisme est une philosophie et une pratique de la libération de l'être par lui-même. « Nous sommes à nous-mêmes notre propre ennemi, mais nous sommes également notre propre sauveur », Bouddha.
Le référentiel sous lequel nous évoluons, nous confère un point de vue subjectif sur nous-mêmes et sur le monde, mais l'individualisme n'est pas intrinsèque à sa nature. L'égoïsme est un effet de perspective et comme un reflet déformé peut être redressé, le défaut d'un miroir corrigé, nous pouvons changer notre état d'esprit et notre attitude pour les rendre vertueux...
Visualiser le monde tourner autour de moi ou tourner autour du monde induit des sensations différentes qui ne sont pas inhérentes à un axe de rotation absolu, mais au mouvement et le mouvement n'existe pas en dehors d'une relation d'interdépendance à un agent en mouvement.
Sans agent en mouvement, pas de mouvement;
Sans mouvement, pas d'agent en mouvement.
L'un et l'autre sont interdépendants,
Et n'ont donc aucune existence indépendante, substantielle VVM-10.
Parce que l'orientation de mon référentiel est courbe, la dynamique du mouvement centrifuge par laquelle j'acquiers une conscience subjective renforce mon égocentration. Le réorienter ouvre ma conscience à un sentiment d'appartenance universel et d'unité avec ce qui est plus grand que soi.

Pourquoi souffrons-nous ? Parce que nos désirs nourrissent la croyance en la réalité de notre personne. Et pourquoi avons-nous cet appétit ? Par peur de mourir sans donner sens à notre vie, cela parce que nous ne voyons pas la véritable nature de notre ainsité. Et pourquoi sommes-nous ignorant de la vacuité de l'en-soi de notre personne ? Parce que la perspective de notre conscience identitaire se forme sous l'action d'un mouvement de rotation autour du référentiel du « moi subjectif » qui voile et contamine notre vue. « Ce qui fait tourner dans le samsāra, c'est la conception erronée du soi et la seule façon de s'en libérer est de méditer sur son opposé jusqu'à faire naître la sagesse du non-soi qui réalise la vacuité » LM-SD.
Que le système observé apparaisse en mouvement ne signifie pas que le système de l'observateur soit immobile. L'illusion de notre immobilité provient du fait que nous nous prenons comme « centre de référence » et c'est là l'erreur à la base de l'égocentrisme ! Nous inscrivons notre pensée du monde dans le même mouvement centrifuge par lequel s'est formé notre « moi » et imaginons les autres graviter autour de nous comme les planètes autour du Soleil, renforçant par cette illusion d'immobilité l'ancrage de notre ego.
Un référentiel est un « système de référence » basé sur des mesures dont la définition délimite un espace-temps. Or, une mesure est une relation entre des points qui n'ont eux-mêmes d'existence que par rapport à la mesure. Un référentiel est le produit de phénomènes composés en interdépendance. Il n'est pas réel en soi. C'est une projection qui n'existe pas sans projecteur, ni sans que le projecteur ne soit, lui-même, une illusion projetée !
La relativité d'Einstein signifie qu'un référentiel d'espace-temps est, toujours, en mouvement par rapport à un autre. Du point de vue du soleil, c'est la Terre qui décrit une orbite autour de son axe, mais de notre point de vue, c'est le Soleil qui tourne autour de la Terre ! Ne pas ternir compte de la relativité conduit à l'erreur du géocentrisme de Ptolémée, comme ne pas tenir compte de notre relativité aux autres nous entraîne à l'égocentrisme. « Vous pouvez prendre vos yeux comme système de référence. Dans ce cas, lorsque vous bougez les yeux, vous voyez les choses bouger. En fait nous sommes capables de mettre en mouvement l'Univers entier. Quand je tourne la tête, c'est tout l'Univers qui bouge ! » PRV-5.
Tout est question de perspective... en mouvement ! Nous établir dans la « vue juste » de la réalité, c'est penser l'observation de l'observé dans l'observation de notre «propre » mouvement. La connaissance de la relativité permet ainsi de comprendre le paradoxe apparent (pour les êtres ordinaires) selon lequel le samsāra est le nirvāna pour les êtres éveillés.
Ce qui fait tourner (autour de soi) dans le samsāra, c'est le mouvement de nos pensées qui nous fait croire dans notre immobilité (l'en-soi de notre ego). Lorsque nous prenons conscience de notre mouvement dans la relativité du mouvement aux autres, c'est comme si nous inversions les perspectives de nos référentiels et découvrions alors que le mouvement, lui-même, est une projection, c.à.d. une illusion ! « Nous projetons le mouvement sur le premier objet. C'est une projection du mouvement [qui n'existe aucunement de manière intrinsèque à aucun des deux objets] » PRV-5.
Ce qui était en mouvement n'est plus en mouvement;
Ce qui n'est pas encore en mouvement n'est pas en mouvement;
En dehors du mouvement accompli et non encore accompli,
On ne peut trouver aucun mouvement VVM-7.
Le nirvāna est la cessation produite par une mise en mouvement telle qu'elle fait apparaître et la relativité (de l'illusion) du mouvement, et la relativité (de l'illusion) des référentiels en mouvement. L'illusion de la souffrance disparaît avec la disparition de l'illusion de l'ainsité du soi de la personne, lorsque apparaît la vacuité du soi du sujet dans l'apparition de la vacuité de la souffrance et des causes de la souffrance. « Tout ceci (le monde des phénomènes, le samsāra) n'est qu'esprit. Si la roue de l'esprit (l'activité imaginative) est arrêtée, le jeu du samsāra l'est aussi » CT-140.
Les pratiques bouddhistes visent l'au-delà de la pensée conceptuelle, la réalisation de l'état de Bouddha par la connaissance de la vacuité.

Un autre paradoxe induit par la une vue erronée de la relativité est celui des qualités de Bouddha que nous possédons mais voilées par l'ignorance et le karman. Cela suggère que nous sommes déjà des bouddhas et que réaliser notre bouddhéité est, somme tout, le « résultat de la purification de nos voiles ». Mais comment pourrions être des bouddhas sans le (sa)voir ?
Une manière de l'expliquer est de dire que nous ne naissons pas Bouddha, nous le devenons, en développant le potentiel des « graines des trois corps » qui sont en nous. Toutefois, cette conception est celle de la réflexion d'un observateur dont la perspective procède d'un « référentiel égotiste » (du mouvement centrifuge duquel émerge la croyance de l'en-soi de la personne) à l'intérieur du cadre de repères d'un espace-temps dont le caractère réaliste découle, lui-même, de la croyance dans l'en-soi des phénomènes.
De la même manière que le dualisme du samsāra et du nirvāna disparaît lors de la «saisie directe » de la vue de leur vacuité, les « voiles » qui nous masquent notre nature de bouddha se comprennent au sens d'une divergence (ou d'une «diffraction») d'un même état observé sous deux perspectives différentes, l'une contaminée, l'autre non.
L'idée de changer de référentiel pour réaliser notre bouddhéité est aussi à relativiser. Le « changement » suggère des référentiels distincts. Or, il faut plutôt y voir la correction d'une optique qui dédouble les images. Et cette correction procède d'une « mise en mouvement » de notre référentiel de sorte à ce que la relativité détruise l'illusion d'immobilité (l'égocentration) et rétablisse la vue juste de l'unité de notre être dans la vacuité du mouvement.
Par comparaison, le processus de « décohérence » d'un système quantique n'est pas une transformation de l'électron telle qu'elle le ferait passer d'un état probabiliste à un état déterminé par un « changement de référentiel ». La décohérence de sa « fonction d'onde » n'est pas une conversion de l'électron d'une forme définie sous les modalités d'un « référentiel statistique » à une forme déterminée sous celles d'un « référentiel de mesure ».
La « réalité ultime » de l'électron est vacuité. Ses formes, probabiliste et mesurée sont nominales (corpuscule ou onde), de l'ordre des désignations mathématiques. La décohérence est un phénomène interdépendant. Il en va de même de l'apparition et de la disparition des « particules virtuelles » dans le « vide quantique », dont l'impermanence du phénoménalisme (conjoint et simultané) résulte d'un effet de perspective du référentiel de l'observateur.
La matière-énergie n'est pas perçue
Séparément de la cause de la matière-énergie.
La cause de la matière-énergie n'est pas perçue
Séparément de la matière-énergie VM-13.
Ainsi, la formule en apparence paradoxale « la
forme est vide, le vide est forme » devient beaucoup plus simple à
comprendre. Toute contradiction disparaît dès lors que nous en considérons l'affirmation
dans le cadre de la relativité, car « au même
moment où il y a une forme, il n'y a aussi pas de forme, parce que quand on voit une forme,
c'est par rapport à un certain système de référence. Le fait que la forme soit vide, c'est qu'il existe toujours un
système de référence où cette forme disparaît » PRV-11.

Les spationautes en orbite, les passagers d'un avion en chute libre, les occupants d'un ascenseur mu sans secousse, les méditant assis immobiles, les passagers d'un train au départ qui regardent le train à côté du leur, tous en commun de ne pas ressentir le mouvement à l'intérieur de leur référentiel !
En apparence, les objets ont une forme, des dimensions, un aspect, un poids, une densité, etc. Mais en y regardant de (très) près, en pénétrant jusqu'au niveau microscopique, nous ne découvrons que du vide, beaucoup de vide et si nous descendons en-dessous du niveau atomique, tout n'est que vibrations, cordes quantiques et « énergie du vide »...
Tout mouvement, toute force, toute forme, en apparence intrinsèque ou inhérent aux objets que nous percevons à notre échelle ne sont que des « phénomènes de surface», dessinant le référentiel d'une frontière entre l'intérieur et l'extérieur, d'une distance entre l'infime et le vaste, d'une durée entre l'instant et l'éternité. Sous l'artifice de cette perspective « le vide est forme » alors qu'en l'ainsité de sa nature « la forme est vide » ! « Quel est le système de référence dans lequel la chose disparaît ? C'est le système de référence propre, intrinsèque. Le système de référence du soi » PRV-11.
Et quel est le référentiel dans lequel la chose apparaît ? C'est la projection d'un référentiel extrinsèque. Ce n'est pas l'existence concrète d'un « système de référence » d'une nature différente au « système de référence » que nous observons qui donne forme au vide. Depuis la Terre, nous voyons la station spatiale internationale graviter autour de la planète du fait de notre position fixe par rapport à son mouvement. Lorsque notre TGV en croise un autre, leur mouvement et leurs référentiels s'annulent (« Ils ne sont pas deux... ») et l'espace d'un instant, nous avons l'impression d'être immobiles ! «Dans le mouvement, plus de mouvement » PRV-11. Forme et vide apparaissent en dépendance relative de la situation de l'observateur à l'observé.
On peut partir du vide d'existence propre, du fait que dans le repère propre il n'y a rien ; puis à partir de ce repère propre on va changer de repère. Et en changeant de repère, la propriété va apparaître et sera de manière erronée attribuée à l'objet, alors qu'il s'agit d'une propriété d'interdépendance PRV-CP-4.
La forme n'est pas intrinsèque à un
référentiel et le vide immanent à un autre référentiel. Un référentiel est une projection, il n'a
pas de propriétés en soi. C'est l'interdépendance de leur situation qui
rend manifeste un référentiel en regard de l'autre, sous forme illusoire
d'états distincts (mobile vs
immobile). Ce qui fait apparaître et disparaître les
« particules virtuelles » au sein du « vide quantique »
ne résulte donc pas tant d'une activité d'échanges d'énergie et de
matière antimatière, caractéristique de référentiels distincts, que d'un point
de vue réifiant cette perspective.

Lorsque deux trains sont côte à côte et que l'un d'eux démarre, nous croyons parfois que c'est l'autre, alors que c'est le nôtre... A l'inverse, lorsque notre train s'arrête à côté d'un train qui démarre, nous pouvons croire être encore en mouvement alors que sommes immobiles... La nature du mouvement se révèle vacuité et sa forme le produit de notre esprit ! Percevoir que la forme est vide, c'est « saisir » la vacuité de l'en-soi des phénomènes. Changer de référentiel, c'est changer notre façon de voir.
La connaissance des Bouddhas réalise la « saisie directe » de la non-dualité de l'ainsité des phénomènes. N'ayant pas développé la « vision pénétrante », nous ignorons la nature véritable des phénomènes. Comme la voie définit le véhicule et que sous la perspective de notre « référentiel égotiste », le « facteur mental » du discernement nous fait différencier la forme du vide, c'est en « changeant de référentiel » que nous réaliserons l'état de Bouddha. « Quel est le mouvement de l'esprit qui fait se mettre à la place, Tong-Len, l'échange avec l'autre. Il y a vraiment un lien très profond entre la vacuité et la compassion. C'est la compassion qui réalise la vacuité ! » PRV-11.
Mais, en quoi voir les choses du point de vue de l'autre, qui n'est somme tout qu'une autre « perspective égocentrée », permet-il de réaliser la vacuité ?
Mais, puisque le principe de « l'identité de la forme et du vide » s'applique à tous les phénomènes, pourquoi ne pourrions-nous pas « réaliser la vacuité » par l'échange (de notre référentiel) avec n'importe quel autre « système de référence » (une station spatiale, un avion, un train, un ascenseur...) ?
C'est sur le principe de l'échange des référentiels que repose la technique du « yoga suprême » du Vajrayana consistant à se visualiser comme étant le Bouddha Hérouka. Le changement de la « base d'imputation » du « je » (qui nous confère le sens de notre identité subjective) se produit lorsque notre « référentiel égotiste », voilé et contaminé par les émotions perturbatrices et le karman, est remplacé par le « référentiel de sagesse » d'un Bouddha.
L'ainsité de l'en-soi de la personne se révèle dans le même mouvement que la prise de conscience de l'ainsité de l'en-soi d'un phénomène. Du point de vue d'une approche par « objet », l'observation de l'autre ne se distingue pas de l'observation d'un phénomène dès lors que sa phénoménologie mentale est un fait privé inconnaissable. L'inverse se vérifie par ailleurs, puisqu'il est possible d'éprouver de la compassion en restant à notre place c.à.d. sans nous mettre à la place de l'autre, sans échanger notre vie contre la sienne, sans « vivre sa vie »... Autrement dit, la vacuité peut se saisir sans échanger notre référentiel, ni développer de la compassion pour les autres, mais...

Mais, comprendre la vacuité et la réaliser sont deux choses différentes. La formule bouddhiste consacrée est que la « sagesse réalise la vacuité ». Or, les « ailes de l'esprit d'Éveil » sont définies comme étant la sagesse et la « méthode », c.à.d. la compassion. Nous devrions donc reformuler la proposition de la sorte : « la connaissance de la vacuité est réalisée par la sagesse et son expérience est réalisée par la compassion ».
L'on peut comprendre le phénomène du « sentiment océanique », cette dissolution positive de l'ego qui ouvre sur « l'impression d'unité » avec l'univers. Avec un effort de visualisation, l'on peut même l'imaginer ! Mais, l'on ne peut, véritablement, réaliser ce que cela fait d'éprouver ce sentiment sans ressentir psychiquement l'effondrement (positif) de « l'illusion de surface » entre l'intérieur et l'extérieur de soi, sans se sentir se diluer dans l'univers, sans embrasser l'infini au corps-à-corps...
Le sentiment de compassion (pas seulement « l'échange de point de vue ») serait donc essentiel pour « réaliser » la vacuité. Si éprouver le sentiment de la compassion implique un échange, il n'induit pas qu'il doive avoir un sens, une direction précise... Le tonglen ce n'est pas devenir les autres en renonçant à ce qu'il y a de meilleur (de bon) en soi, c'est faire de la place à l'intérieur pour accueillir les autres dans son cœur.
Si je suis heureux, si je garde la satisfaction du sentiment de mon bonheur pour «moi-je », comment pourrais-je comprendre le malheur des autres ?
Si je suis en paix, si je conserve cette paix pour mon plaisir égoïste, comment pourrais-je éprouver ce que cela fait d'être troublé par l'affliction des autres ?
Il ne s'agit toutefois pas d'abandonner ni bonheur, ni bien-être, ni mérites pour les peines, les misères et les péchés des autres, afin qu'ils n'aient plus à souffrir. La question n'est pas de savoir en quoi un tel abandon, une telle « rançon » (!) à la libération des autres de leurs souffrances, est ce qui nous permettrait de « réaliser » la vacuité. Il s'agit de faire naître en soi la sagesse de comprendre que la réalisation de la vacuité est dépendante du double mouvement du renoncement à l'ego (à la « préoccupation du moi ») et de la compassion à la « préoccupation du sort des autres ».
Par le renoncement à l'ego (au désir-attachement égotiste du « moi »), nous modifions le « sens de rotation » de notre référentiel pour, d'un mouvement égocentré qui nous ramène sans cesse vers le centre gravitationnel du « moi » (dans l'enchaînement cyclique des souffrances sans fin du samsāra), le changer en un mouvement d'altruisme, de bonté, de générosité, à l'égard de tous les autres sans exception mu par le sentiment de la compassion.
Et lorsque jusqu'au plus profond de notre être, notre référentiel s'épure des émotions perturbatrices charriées par la pollution de l'ego (les vices du désir-attachement, les mortifications de la colère, les divagations de l'orgueil, les disruptions de la jalousie...), la « base d'imputation » de notre identité subjective se clarifie de l'illusion de son géocentrisme et notre esprit se détache de la croyance erronée dans l'en-soi de notre « moi ». De l'épuration de notre sentiment d'identité subjective (du changement de notre référentiel) transparaît alors l'ainsité du « moi » telle que le sentiment de la compassion pour les autres la révèle en sa véritable nature, vacuité !

Du point de vue extérieur à ce que nous pourrions définir comme le « référentiel de la bouddhéité » - nonobstant le fait que l'état de Bouddha est un phénomène permanent et donc non projeté -, la réalisation de la vacuité apparaît comme une voie à laquelle mène deux véhicules, la sagesse et la méthode. Mais, avec la même relativité dans le propos, vu de l'intérieur de la connaissance des Bouddhas - « au-delà du par-delà » de toute élaboration conceptuelle -, la compassion ne se distingue pas de la sagesse, ni la sagesse de la compassion. Elles ne sont pas deux...
Pour nous élever vers la bouddhéité, tel un oiseau vers le ciel, nous avons besoin du véhicule des « deux ailes » de la sagesse et de la compassion. Mais l'état de Bouddha est « au-delà du par-delà » de toute forme et de tout mouvement. Il n'est pas l'oiseau, il est le ciel ! La compassion est sagesse comme la forme est vide, comme le samsāra est le nirvāna, comme les cinq passions perturbatrices sont les cinq sagesses des Bouddhas. « Au milieu [du vajra à cinq pointes, symbole du principe de transformation] la sphère de la vacuité est la clé de la transmutation des perceptions ou représentations mentales impures du samsāra, fruit des tendances karmiques et des obscurcissements, en perceptions pures » DEB-680.
De fait, il n'y a transmutation que relativement à. Passions et sagesses s'opposent sous les perspectives de référentiels relatifs tels deux trains avant que leur croisement révèle l'ainsité de leurs mouvements sous la perspective d'un référentiel où le mouvement disparaît ! La réalisation de la vacuité naît du sentiment de la compassion au mouvement d'échange avec l'autre.
Échanger un référentiel contaminé par un référentiel non contaminé a tout son sens du point de vue de la voie menant à l'état de Bouddha, mais aussi d'un point de vue... voilé par l'ignorance ! Qu'apporterait de substituer un ego à un autre, comme une inversion en miroir ? Du point de vue d'une particule d'antimatière, c'est sa jumelle de matière qui est inversée !
S'échanger avec les autres, ce n'est pas permuter les rôles. Bien que cela permet de ne plus les voir comme étrangers, de mieux les comprendre et de les considérer avec compréhension et tolérance. La méditation tonglen est un flux constant entre les autres et soi-même, dans laquelle le méditant établit une « boucle intentionnelle » par laquelle transite les souffrances des autres vers soi et l'amour de soi vers les autres. Un état d'esprit de profonde compassion ne surgit pas « rien qu'à y penser » ! C'est le mouvement des « échanges de flux » avec les êtres sensibles qui engendre un fort sentiment de compassion à l'égard de tous sans exception.
Le mouvement de notre esprit (qui en sa nature réside continuellement), enchâssé dans le référentiel formé par le « continuum de l'état d'esprit voilé qui persiste perpétuellement » (de la base d'imputation duquel nous imputons l'existence d'un « je » autonome) est égocentré. En créant un mouvement de soi vers les autres, nous détournons la force centrifuge qui nourrit le désir et l'attachement au « moi ». En nous excentrant, c.à.d. en faisant de la « préoccupation du sort des autres » notre centre de gravité, nous découvrons que le sentiment de soi et la croyance en l'en-soi de notre personne sont vacuité ! Dans le mouvement, le mouvement disparaît...

Nous désirons tous le bonheur et tous nous fuyons la souffrance. L'autre est notre jumeau. Imaginez-vous avec ce jumeau dans le ventre de votre mère sur le point d'accoucher. Supposez que le premier qui naît prendra la destination du bonheur, le second la destination de la souffrance. Lorsque la « préoccupation du moi » prédomine, vous désirez être le premier !
C'est comme deux trains en instance de départ côte à côte. Vous croyiez ressentir le mouvement de votre train, car votre esprit emprunt de la force de l'ego vous le fait imaginer. Or, pendant l'espace d'un instant aussi cours que la spontanéité de votre réaction à vous croire en mouvement, ce que vous discernez est le fruit de votre désir ! Lorsque votre « préoccupation pour le sort des autres » l'emporte sur votre ego, c'est l'inverse qui se produit, vous désirez que ce soit le train de votre jumeau qui démarre en premier.
Le comble est que le mouvement n'a pas de réalité absolue. Il n'existe pas par lui-même ! Il n'y a de mouvement qu'en relation entre votre référentiel et celui de l'autre. Bonheur et souffrance, vous et votre jumeau, êtes relatifs l'un à l'autre, interdépendants, impermanents. Seul le bonheur de la libération est véritable et permanent. La compassion ne pousse pas seulement à prendre sur soi les souffrances des autres, mais à vouloir les en délivrer par l'amour qui nous fait vouloir qu'ils atteignent le bonheur. A l'instant où vous prenez conscience de la relativité du mouvement, vous saisissez sa vacuité. A l'instant où toute perturbation du désir et toute confusion d'attachement personnel disparaissent, inhibées par la compassion envers l'autre, l'ainsité de votre ego se révèle dans la vacuité des passions.
La vacuité est la « clé de la transmutation » des émotions en sagesses, le moment où s'opère le basculement de l'inertie au mouvement, lorsque l'esprit se détourne de l'ego pour se déplacer vers l'autre. Le courant qui se forme dans la méditation tonglen («donner et recevoir »), ce n'est pas seulement celui de l'attraction à soi de la souffrance des autres (pour la transformer en bonheur au sein de notre cœur et le leur renvoyer en retour), c'est un mouvement de purification de notre égocentrisme.
Notre instinct naturel est de désirer ce qui nous rend heureux et de fuir ce qui nous crée de l'affliction (sans voir que la principale cause d'affliction est la recherche d'un bonheur exclusif et narcissique). C'est ainsi réduire : le désir-attachement que de s'entraîner à recevoir les souffrances d'autrui ; l'aversion que de se familiariser à recevoir la détresse et le tourment des autres ; la jalousie que de s'habituer à donner le bonheur dont le «moi » est avide ; l'orgueil que de s'accoutumer à donner ce qui nourrit l'infatuation de l'ego...
La force de l'entraînement à « l'échange avec les autres » assure ainsi de parvenir à transmuter les passions en sagesse. La « sagesse qui réalise la vacuité » de l'en-soi de notre personne est le « référentiel » dans lequel disparaissent l'ego et toute souffrance par la réalisation du bonheur véritable de l'Éveil.
Changer notre état d'esprit, c'est parvenir à faire qu'à chaque instant où discerner entre soi et les autres, nos réactions, nos intentions et jusqu'à nos tendances (actes, paroles et pensées, nos «trois corps » de Bouddha) soient spontanément animées par la compassion universelle envers tous les autres sans exception.
- J'inspire lentement et j'expire lentement... J'éteins la voix de ma radio mentale, je coupe l'écran de ma télévision psychique. Pensées, images, sons, font place au silence et à l'obscurité... Je suis ma respiration, ses sensations internes... J'observe sans me fixer, me concentrer, ni forcer... Je laisse venir sans interdire, sans rejeter, sans réprouver...
- Des formes surgissent subitement, colorées, virevoltantes. Elles dessinent un ballet de lumières et de teintes qui zèbrent l'espace devant moi, autour de moi... Des images se forment et se dispersent aussitôt, puis persistent quelques instants et se mélangent pour finir par se volatiliser sans plus de raison que de but à leur apparition... J'inspire et j'expire lentement... Je me recentre sur mon souffle... Comme des oiseaux sur le qui-vive surpris par un bruissement, les images s'envolent subitement, laissant place au vide...
- J'observe sans me fixer, me concentrer, ni forcer... Des images se reforment. Je les laisse se combiner, se condenser... Hardies et si fragiles qu'un souffle suffit à les chasser, mais opiniâtres et obstinées à vouloir attirer mon attention, à vouloir me charmer et m'emporter dans leurs ballets envoûtant...
- J'inspire et j'expire lentement... Je me recentre sur mon souffle... L'arrière-plan occupe à nouveau tout le devant de la scène. Je continue à sentir sa présence, immuable, incoercible, même lorsque les images reviennent. Je sens sa présence même à travers le cinéma en trois dimensions qui s'anime de manière inégale et confuse. Ni la densité de ces scènes, ni leur canevas appesantissant ne parviennent à dissimiler leur caractère nébuleux...
- Plus ce spectacle cherche à revêtir de vraisemblance, plus il m'apparaît faux. Plus ce théâtre tente d'enrober mon esprit, plus il se dévoile transparent. Plus ce cinéma s'épuise au réalisme, plus il révèle la trame de mes pensées... Les images se dissipent tel un mirage, les pensées s'évaporent telle la brume matinale... Et toujours, l'arrière-plan demeure incompressible, inexpugnable, simple présence, totale présence, irréductible présence ...
Étoile, mirage, bougie,
Illusions, gouttes de rosées, bulles,
Rêves, éclairs et nuages :
Regardez tous les phénomènes composés comme tels.
Ce caractère composé s'applique également à nos pensées ! Nous devons prêter une attention toute particulière à la nature synthétique de nos pensées. Comment ? Par la méditation. La méditation est un entraînement de l'esprit, mais celui-ci ne vise pas à obtenir sa « maîtrise » (le contrôle est propre à l'ego), mais à connaître l'esprit. Pour cela, nous n'avons qu'une chose à faire, observer ! Sans participer, sans prendre part, sans alimenter nos jacasseries mentales, sans se « faire de film », simplement observer !
Il n'y a rien à rechercher, à ajouter, à retirer, à démasquer, à changer... Ce qui apparaît se dévoile sans effort. Ce qui surgit d'abord, c'est la fugacité, la volubilité, l'impermanence de nos pensées. L'interdépendance de nos pensées est plus subtile à saisir, d'autant que pour cela, il ne faut précisément pas chercher à la saisir ! Attirantes ou repoussantes, saines ou troubles, vraies ou fausses, nos pensées sont une source de questionnement sans fin. Pourquoi est-ce que je pense comme ça ? Qu'est-ce qui fait que j'ai ces pensées ? D'où viennent-elles ? Puis-je me fier à elles ? Pourquoi, je n'arrive pas à me débarrasser de cette pensée obsédante ? Dois-je l'écouter ? Dois-je la censurer ou la laisser me guider ?
Le ciel est bleu, rougeoyant ou nocturne, lumineux, ensoleillé, nuageux ou orageux, zébré d'éclairs ou étoilé, éclairé par la Lune, etc., mais ni sa couleur, ni sa luminosité, ni son contenu, ni sa forme, ne sont le ciel. Dans le mouvement, il n'y a plus de mouvement... En dessous de la longueur d'onde de la couleur, il n'y a plus de couleur PRV ! Lorsque j'abstrais tout ce qui se produit dans le ciel, qu'est-ce alors que le ciel ?
Je peux comprendre ce qui se produit dans le ciel, de jour comme de nuit, je peux connaître la météorologie des phénomènes climatiques. Je peux savoir pourquoi il y a des nuages, comment et sous quelles conditions se forment les orages, ce qui fait qu'ils se dissipent, pourquoi le ciel est noir la nuit, etc. Il n'en restera pas moins qu'au cœur d'un cyclone, il n'y a plus de cyclone ! Je pourrais recourir aux neurosciences, à la philosophie de l'esprit, au travail sur soi, aux spiritualités, pour comprendre la «météorologie de mes pensées », pour les guérir, les changer, etc. Il n'en restera pas moins que dans la méditation au cœur de mes pensées, il n'y a plus de pensée !
La nature du ciel n'est pas ce que nous voyons s'y produire...
Parce que nous réifions l'activité de notre esprit en la considérant réelle en soi, nous nous égarons à vouloir connaître ses origines et ses corrélations, alors qu'il nous faut réaliser la connaissance de sa nature !
Observez vos pensées. Pénétrez au cœur du cyclone de l'activité de votre esprit et par « l'arrêt de ses fluctuations », entrez dans l'état de yoga du nirvāna !
Voyez que ce qui apparaît n'est pas la nature de l'esprit et par la « saisie directe » de sa connaissance pure, vide d'en-soi et lumineuse, réalisez l'Éveil !
Namasté
Références :
CS : La Conscience (avec Monsieur Phi) - Science étonnante #48 https://www.youtube.com/watch?v=r-RHHrrdbfM
DEB : Dictionnaire Encyclopédique du bouddhisme, Philippe Cornu https://www.decitre.fr/livres/dictionnaire-encyclopedique-du-bouddhisme-9782020822732.html
LM-SD : Lama Samten - Saka Dawa - 06/06/2020
PRO : Notre véritable sixième sens https://www.youtube.com/watch?v=JGJYdTdjXyY ou https://boutique.arte.tv/detail/notre_veritable_6eme_sens
PRV : Le principe de relativité-vacuité : de Nagarjuna à Einstein https://www.bodhicharya-france.org/phocadownload/documents/nagarjuna_einstein.pdf
PRV-CP : Relativité et vacuité - Conférence au Portugal https://www.bodhicharya-france.org/phocadownload/documents/2016-08-05Confrence_Laurent-Nottale_Portugal.pdf
SMS : Le Sentiment même de soi, Antonio Damasio https://www.decitre.fr/livres/le-sentiment-meme-de-soi-9782738111180.html
TRR-SE : La Théorie de Relativité Restreinte d'Einstein - Science étonnante #45 https://www.youtube.com/watch?v=M86YM6QA4-M
VVM : Les Versets du Milieu, Nagarjuna https://btr2010.files.wordpress.com/2014/04/versets-du-milieu-nagarjuna.pdf
[i] « Je n'existe pas » https://www.youtube.com/watch?v=XeZDt43Pij8
[ii] Expérience de la dissolution de l'ego avec la psilocybine https://www.nature.com/articles/s41386-020-0718-8#Sec8
[iii] Prière de la sérénité https://fr.wikipedia.org/wiki/Pri%C3%A8re_de_la_S%C3%A9r%C3%A9nit%C3%A9
[iv] Bouddhisme & Méditation - Une voie vers l'éveil ? https://www.youtube.com/watch?v=Uzr7cCXAWGI
[v] Le cœur du Dharma - Enseignement de Guendune Rinpoché, in Tendrel no 45 https://eveilimpersonnel.blogspot.com/2009/02/lesprit-qui-se-reconnait-lui-meme-lama.html?fbclid=IwAR0dwSUJIUGnp3IzwS-DpatNDY-gegDDyJzdbg-JiAUh1z9v5dtZ6GBk-z4