II.5 - Poétique de l'ainsité

02/04/2023

Retrouvez ici les poésies de l'ainsité de II.26 - II.53 - Sur les pas de Bouddha - Bodhgayā 2022

Rajgir - Pic des Vautours - Inde
Rajgir - Pic des Vautours - Inde

                                                               Sur les pas de Bouddha 

II.26 Vāranāsi – Fumée


Du premier cri aux dernières pleurs,

La vie n'est qu'un souffle d'une heure.


Depuis des siècles, je vous vois passer,

Jeunes et vieux sur cette berge sacrée.


Par les désirs et les peines animés,

Sans fin des flammes vous attiser !


De vos agrégats, le bois, vous brûlés,

Sur l'autel illusoire de l'ipséité.


Je suis le feu éternel de Shiva et Parvati,

Qui dépasse le trépas du jour à la nuit.


Entendez ce vœu : lâchez tout et partez !

Soyez l'espace et jamais ne revenez ! 


Lobsang TAMCHEU  

II.27 Vāranāsi – Halluciné


A Vāranāsi méditent les adeptes Shivaïstes

Sous l'effet de substances psychotiques !


Pour le bouddhiste, ces délires illusoires,

Ne sauraient du négatif être libératoires.


Les uns se perdent dans l'imaginaire,

Les autres sont trop discrétionnaires.


Ne cherche pas à exclure l'individu,

Mais de l'identité à dépasser le point de vue !


Ne te sert pas du pur pour te libérer de l'impur,

Mais pour de la dualité, réaliser la rupture !


Au bord du Gange, oublie toute idée préconçue,

Regarde de ton esprit s'écouler le flux.


Lobsang TAMCHEU 

II.28 Kesariya – Méditer


Je suis la terre, la base et la cime,

Je suis le grossier, le subtil et le sublime,


Je suis le fruit, les branches et les racines,

Je suis la brique, la glaise et la mine,


Je suis l'ici, là-bas et maintenant,

Le gamin qui court, le champ et le mouvement,


Je suis l'écureuil, l'oiseau et la fourmi,

Je suis l'inspire, l'expire et l'Agni,


Je suis l'enfant, le père et la mère du vivant,

Je suis de chaque être sensible le parent,


Le corps, cœur, esprit de toutes choses sentient,

L'espace de la pleine conscience de l'instant !


Lobsang TAMCHEU  

II.29 Kesariya – Cora


Autour de l'axe de la dévotion,

Tournent les fidèles à proportion,


Au plus près, l'esprit des moines,

A côté, les laïcs au refuge idoine,


Autour, les visiteurs curieux,

Au loin, les parias envieux,


Tous en quête de libération,

Pour du mouvement d'éjection,


Du cercle des souffrances,

Réaliser la transcendance,


Et rejoindre le centre de l'union,

De l'être sans obstruction !


Lobsang TAMCHEU 

II.30 Nalanda – Université


Entre les pierres millénaires des ruelles,

S'écoule le rythme du présent actuel.


Dans le flux des touristes pressés,

Se dessinent les ombres du passé.


Fantômes diaphanes et silencieux,

Qui brillent d'un éclat glorieux,


Des grands maîtres légendaires,

Qui à Nalanda enseignèrent.


Dans le réduit de leur cellule,

Ils transformèrent leurs cellules,


Pour ainsi la vacuité réaliser,

Et devenir le corps de vérité !


Lobsang TAMCHEU 

II.31 Nalanda – Fouilles


Sur le chantier, les esclaves à tort,

Enclavés dans leur caste au sort,


S'activent pour excaver à raison,

Du lieu les anciennes fondations,


Pour sortir de terre les escalators,

Moyens habiles de transport,


Pour escalader par la prière,

L'Éveil des moines du monastère.


Petites mains creusent la terre,

Pour, du sol, la science extraire,


En tuant les émotions délétères,

Libèrent l'esprit dans l'éther.


Lobsang TAMCHEU  


II.32 Nidrā 


Les sens progressivement retirés,

Le guetteur suit l'ombre de Morphée,


Dans la posture ferme et souple du méditant,

Sans intention, observe en restant vigilant.


Dans ce niveau de conscience liminale

Reconnaît chaque chose comme mentale.


Entre rêve aléatoire et réalité causale,

Regarde s'écouler les ondes subliminales.


Au sortir du brouillard, le rêve se fait monde,

Les apparences, frêles pensées vagabondes.


Avec les limites s'effacent l'obstruction,

Des apparences et de l'esprit la séparation.


Lobsang TAMCHEU 

                                                               Sur les pas de Bouddha 

II.33 Rajgir - Pic des vautours 


Dans l'espace drapé du silence,

Se figent les drapeaux des consciences.


Le sol est pavé de monticules,

Chant de prières de la multitude.


L'instant est saisi de présence,

Du lieu sourde la quintessence.


Le soleil sur le ciel forme un œil,

Dans l'ainsité, l'esprit se recueille.


Le lotus fleurit du cœur du sutra,

L'air vibre au champ du mantra.


De la forme vide monte l'énergie,

Écho de l'esprit en synergie. 


Lobsang TAMCHEU  

II.34 Impermanence


Les façades sculptées de poussière,

Des maisons livides de propriétaires,


Visages de cire figés dans le temps,

Le regard vide observe les passants,


Fantômes oubliés du temps passager,

Résidences dont l'âme est désertée,


Récipients asséchés de leur contenu,

Fragments d'argile dont l'usage est perdu,


De l'inspire de l'aube à l'expire du coucher,

D'un voile de brouillard, le monde est formé,


L'impermanence est tissée de poussière,

L'existence simple reflet lunaire.


Lobsang TAMCHEU 

II.35 Mahakala – Austérité


Suis la leçon, du mental lâche tes craintes,

Abandonne les excès, soit sans contrainte !


Comprend ! L'austérité n'est pas de nature,

A son principe n'échappe pas la culture !


Ne vénères pas le maître pour son érudition,

De l'enseignement ne fait pas une addiction !


De philosophie, nul besoin d'un doctorat,

De l'expérience, la science est le résultat !


L'obtention n'est pas une méthode suprême,

Rituels tantriques et yogas sont extrêmes !


Vit ! Ne prend pas refuge dans ta pratique,

La liberté n'est pas un choix acétique !


Lobsang TAMCHEU  

II.36 Bodhgayā – Mahabodhi temple


Sur un fils invisible, l'araignée lévitait,

Suspendue dans l'espace, elle flottait.


Pour l'éviter, l'attention s'appliqua à son suivi,

Le pèlerin avec sagesse leva les yeux sur la vie.


Les fils de l'interdépendance relient toutes choses,

Mais, captifs de l'ignorance, qui les expose ?


De l'œuvre éphémère de l'impermanence,

L'art est nié sans conférence !


L'espace est vide, mais n'est pas tissé de néant,

Sinon l'araignée serait tombée de son séant !


Chaque être est relié par la toile de l'amour,

Dans ses rayons, se croisent les étoiles d'un jour


Lobsang TAMCHEU 

II.37 Bodhgayā – Déchirés


Une gamine les yeux humides implorait,

Un billet déchiré qu'elle rechignait,


Le papier était vieux et usagé,

Flétri tels ses vêtements élimés.


Un gamin pleurait en agitant un billet,

Le papier était neuf, mais il pleurait.


Une vie sans bonté, d'une âme le dépossédait,

Son tourment dans la confusion résidait.


Sans autre critère que les apparences,

Habitués à la dureté sans indulgence,


Avec les opposés comme seuls repères,

Ils arpentaient les chemins de l'enfer !


Lobsang TAMCHEU 

II.38 Bodhgayā – Captifs


Corps enchaînés aux fers de la pauvreté,

Regards déchirés dans l'étau de vies broyées,


Bébés décharnés dans des bras suppliciés,

Meutes acharnées sur une roupie jetée,


Espoirs perdus dans l'abîme du désarroi,

Funambules suspendus sans autre choix,


Esclaves captifs d'une abjecte exploitation,

Prisonniers du sort d'un destin sans concession,


Rappel de la loi implacable du karma,

Qui ne suspends pas le sentiment du frima,


Sur le fil de nos actes se joue l'équilibre,

De la souffrance et du bonheur d'être libre ! 


Lobsang TAMCHEU  


II.39 Bodhgayā – Combat 


Enfants des rues qui font d'une roupie une arène,

Chiens errants qui s'attaquent tels des hyènes,


Singes hurleurs qui sautent sur les passants,

Tuk-tuk et motos qui s'invectivent ardemment,


Marchants qui harcèlent sans répit de guingois,

Moustiques qui en nuées poursuivent leur proie,


Ici, chaque instant de la vie est un combat,

Toute occasion prétexte au pugilat,


Rappels incessants de l'impermanence,

Que la souffrance structure l'existence,


Spectacle de la mort sublimé en rituels,

Le souffle en fumée s'élève à tirs d'ailes 


Lobsang TAMCHEU 

II.40 Bodhgayā – Gratitude


Le bambin bu son Lassi avec gratitude,

Le visage délassé de lassitude,


Son sourire d'un rayon de joie s'illumina,

Du supplice de la faim, la bonté effaça,


Dans le regard de sa sœur se lit le bonheur,

Pour ce geste généreux du cœur.


Pour les mendiants qui n'ont de but que la survie,

Chacun de ces petits moments est un répit,


Oasis de joie dans un désert de dureté,

Où la grâce surgit au contact de la bonté,


Magie de l'instant présent est cadeau de Noël,

Un arc-en-ciel de joie apparaît dans le ciel !


Lobsang TAMCHEU 

                                                               Sur les pas de Bouddha 

II.41 Bodhgayā – Prière


Tandis que le Tuk-tuk nous donne des hauts de cœur,

Au loin, du Kalachakra s'élèvent les clameurs.


Dense est la foule, chaotique le chemin,

Qui au lieu de culte, mène les pèlerins.


Dans l'air, le tumulte des joutes oratoires,

Soudain fait place aux mantras incantatoires


Lorsque le grand véhicule sonne l'heure,

La vue de sa sainteté élève les cœurs.


Dans un ciel électrique s'enflamme l'éther,

A mesure que des voix montent la prière,


A l'adresse du guide du Dharma, souhait de longue vie,

Dans l'espace vibrant du cœur brûle l'énergie ! 


Lobsang TAMCHEU  

II.42 Bodhgayā – Dédicace


Telle l'abeille qui s'en allait butiner,

De fleur en fleur, survole le champ d'une journée.


A peine éclose, la vie perd ses pétales,

Se réduit le décompte de la décimale.


Courte du nectar de la vie est la moisson,

Qui du desir-attachement est le poisson.


Le semeur rend précieuse la fertilité,

Avec patience, la récolte, doit continuer.


Retourne à la ruche, tel est ton chemin,

L'espace danse sur les ailes du divin.


Avec sagesse vient ici, récolte le miel,

De la méthode soit l'apiculteur de l'Éveil !


Lobsang TAMCHEU 

II.43 Bodhgayā – Rencontre


La feuille tombée de l'arbre trace dans l'espace le mot retour,

En rencontrant la terre inscrit l'aube d'un nouveau jour.


L'océan dressé sur son séant en vagues crie sa démesure,

En rencontrant la surface retrouve de l'entièreté la mesure.


La conscience aveuglée se disperse en fragments d'ignorance,

En rencontrant l'espace saisit du spontané l'évidence !


Dans l'espace vibrant de l'être tout se rejoint,

Le corps, le cœur et l'esprit ne font qu'un !


Lorsque rien n'est ordinaire, toute rencontre est une dédicace,

Signée par chaque vie extraordinaire du sceau de la grâce.


L'ainsité de ce qui arrive et pourrait arriver ont la même saveur,

La joie sans obstruction de la félicité des cœurs !


Lobsang TAMCHEU  

II.44 Bodhgayā – Présence 


Tourne la roue de l'existence et répand dans l'espace,

Sur les êtres, les souhaits de bonheurs qui s'entrelacent.


Entends la prière qui vient du plus profond du cœur,

De l'attachement, libères-toi de l'apesanteur.


Ô mon esprit, ne t'éloignes pas de l'état d'absorption,

Dans l'être réside le centre de toute adoration.


Abandonne-le « je », l'impermanence n'est pas triste,

Tout ce qui a été est présent à la pointe atomiste.


Dans l'action, sois libre de tout mouvement,

Hors du cycle de l'éternel recommencement.


Ta présence est d'espace, ton être est d'amour,

J'embrasse l'espace dans l'union du séjour.


Lobsang TAMCHEU 

II.45 Bodhgayā – Éclosion


L'hiver enfouit sous la terre de l'abandon,

Refleurit dès le printemps de l'adoration.


Le son qui s'éloigne te ramène au diapason.

Jusqu'à ce que, de joie, tu chantes la chanson.


La fleur éclot sans attendre du champ un retour,

L'abeille n'est pas le choix de la belle-de-jour !


Ô mon cœur, ne t'interdis pas ce sentiment,

Aimer n'a pas de sens parce qu'il est rimant !


Le soleil n'espère pas de la Lune l'effusion,

Pour la baigner de l'éclat de ses rayons !


Bodhisattva, ouvre ton cœur sans condition,

Et tu embrasseras tous les êtres à l'unisson !


Lobsang TAMCHEU 

II.46 Bodhgayā – Bodhicitta


Devant les déités, tu te prosternes,

Face à tes maîtres, tu te discernes,


A des vœux, avec abnégation, tu t'arrimes,

L'esprit d'Éveil, tu suis comme un régime !


« Abandonne les vices » dont tu es fourbu,

Avec ferveur « cultive des actions la vertu... »


Dans ta quête sainte, tu oublies l'essentiel,

La bodhicitta n'est pas un cérémoniel !


Laisse ici les pratiques extraordinaires,

Ne fait pas du Dharma une lecture binaire.


Qu'ils soient indifférents, hostiles ou aimants,

Bodhisattva, aime chacun totalement !


Lobsang TAMCHEU  


II.47 Bodhgayā – Émotion  


Magie du voyage, du temps suspens le vol,

Sur nos têtes étend ton auspicieux parasol.


Au cœur de la présence, la joie s'émerveille,

Sur les eaux rebondit un poisson arc-en-ciel.


Le mudra du lotus débloque la stase,

Gomme la chaise et libère le vase.


La roue du cœur dépasse tous les obstacles,

Porte la bannière de l'amour au pinacle.


Le son de la conque mène au transport,

La générosité tisse un nœud sans fin d'or.


Dans la liesse du cœur mûrit la compassion,

Qui avec la sagesse nourrit l'aspiration !


Lobsang TAMCHEU 

                                                               Sur les pas de Bouddha 

II.48 Bodhgayā – Compassion


En brillant, le soleil lui-même s'éclaire,

De sa lumière baigne sa propre sphère.


En brûlant, le feu chauffe aussi sa flamme,

De sa chaleur consume sa propre entame.


En s'écoulant, l'eau aussi dilue ses ondes,

Dans son flot engloutit sa propre fronde.


En irradiant, le cœur de l'être s'embrase,

L'amour de ses propres bras s'enlace.


Ne voyant ton reflet, tu te retiens d'aimer,

De l'autre, le transport peux-tu éprouver ?


Emporte-toi à la douceur du sentiment,

Et d'autrui, tu partageras l'embrasement !


Lobsang TAMCHEU  

II.49 Bodhgayā – Mue


Sur une branche à l'embranchement des chemins,

Tapis dans sa cosse, mûrissait un dessein.


Suspendue dans l'espace, flottant sous le vent,

De la nature brute de son corps l'artisan,


Des éons durant d'un voyage immobile,

Jusqu'aux conditions d'une genèse fertile.


Du tendre cocon sourde l'efflorescence,

D'un parfum délicieux qui enivre les sens.


L'éclat iridescent du jour électrise,

La bulle qui de l'énergie canalise.


L'éclosion ouvre les pétales du Dharma,

L'espace libre de ce cœur, elle proclama !


Lobsang TAMCHEU 

II.50 Bodhgayā – Pratiquez !


De la méditation comme de l'amour, même constat,

Nous les visons comme but en espérant un résultat.


Du premier, nous attendons la mesure de l'efficacité,

Du second, nous espérons qu'il soit par l'autre partagé.


Espoir du gain, peur de perdre, mondaines préoccupations,

Dans la vacuité, point d'obtention que la voie de l'intuition !


La fleur de l'amour est rare, la cueillir est éphémère,

Aveuglante est la réciprocité, claire est la chimère !


De l'émoi du retour, du cœur cause la fragmentation,

La conscience est tout, vide de symétrie est l'union !


Bodhisattva, la sagesse est pratique du non-agir,

Affranchie de condition, la compassion est élixir !


Lobsang TAMCHEU  

II.51 Bodhgayā – Lâcher-prise


Viens et plonge dans le chaos de la cohue,

Baigne-toi dans les cris et le tohu-bohu…


Immerge-toi dans les flots de l'inattendu,

A l'instant de la bifurcation suspendu !


Des règles et des codes fait table rase,

Regarde voler en éclats toutes les cases !


De la vie, laisse les croisements s'opérer,

Accueille sans retenue ce qui doit arriver.


Respire et vit sans te poser de question,

Cela est ! Aucune place pour l'affliction !


Ouvre ton cœur, juste est la désinence,

Vers l'être, chemine à la convergence ! 


Lobsang TAMCHEU 

II.52 Bodhgayā – Croisement


Sur les routes, pour éviter la collision,

Sur les marchés, pour duper le larron,


Dans les cœurs, pour allumer la passion,

Sur les champs de bataille, tuer l'opposition,


En toutes choses se lit l'interdépendance,

Grossière, comme si elle reliait la substance


Subtile, dont la forme est tissée du relatif,

Ultime, consonance simple du descriptif,


De potentiel à manifesté, nulle rupture,

De possible à réalisé, nulle césure !


De barreaux, l'échelle du réel est dépourvue,

Les apparences sont l'expérience de la vue !


Lobsang TAMCHEU 

II.53 Bodhgayā – Evidence


De l'esprit, tu cherches à purifier la Claire lumière,

Pour de ses négativités, les empreintes abstraire.


Du corps, tu cherches à produire l'émergence,

De l'énergie qui t'amèneras à la transcendance.


Des tantras, tu cherches à atteindre l'éminence,

Des sutras, n'as-tu pas du profond saisis le sens ?


L'essence de toutes choses est libre d'assertion,

Les apparences sont de la vacuité l'expression !


En dehors de l'esprit, nulle existence extérieure,

La présence vide est expérience de la pesanteur !


L'évidence du connaître est l'être du réel,

Sa conscience est d'espace, sa nature virtuelle !


Lobsang TAMCHEU