I.61 – Le « saisissement direct »
Passer au-delà de cela qui voit, par-delà de cela qui est perçu. Ce n'est pas déstructurer le « rêve du réel », déconstruire notre représentation du monde[i] ou dissoudre la conscience de soi pour les reconstruire autrement et mieux. C'est les abstraire par absorption dans la contemplation de ce qui est.
![](https://bc4d23e248.clvaw-cdnwnd.com/096f880f248939102d01de0b8e3692c9/200000520-752b9752bb/cerveau.jpg?ph=bc4d23e248)
Le « saisissement direct » est au-delà de tout symbole, de tout langage, de tout concept, de toute pensée. Il est l'accès à la « connaissance pure » de l'êtreté. Que signifie saisir «directement » la réalité ? Cette connaissance par l'expérience peut-elle être véritablement « pure » ? Et si tant est que nous parvenions à « passer par-delà » nos filtres cognitifs et perceptuels que saisirions-nous alors sans aucune interface ni interprète ?
Profondément absorbés dans la contemplation méditative, nous pouvons en oublier notre corps, l'endroit, l'heure, nos problèmes, notre vie... Toutefois, ce ne sont là que des « effets de perspective » induits par la réduction du « champ focal » de notre conscience. Notre corps n'est pas subitement devenu intangible, le monde ne s'est pas soudainement évaporé, le temps ne s'est pas brusquement arrêté ! Notre attention s'est simplement détournée de leur mouvement, à l'instar de la méditation de « calme mental» où nous entraîner à maintenir notre concentration mentale sur un objet visualisé, sans dispersion, relâchement ni agitation, révèle toute la volatilité de la pratique. Là aussi, notre conscience s'est-elle véritablement « réduite » à la forme et à l'apparence de l'objet de notre attention où le monde est-il toujours là, en arrière-plan, occulté mais présent, tel le soleil lors d'une éclipse ?
Nous pouvons nous dissocier, sensoriellement, de notre corps et - dès lors que ce en quoi nous croyons advient à l'existence - physiquement nous en détacher. Il n'y a pas d'expérience (de sortie) du corps sans conscience ni de conscience sans expérience, et pourtant, peut-on trouver une expérience en-dehors de la « conscience de quelque chose » ?
Lorsqu'il est totalement absorbé dans son art, le musicien fait abstraction de sa vie, de sa personne, de son corps, de son instrument, de sa partition. Il devient la musique. Lorsqu'il guide, le maestro fait abstraction des individus, de leur partition. Il embrasse l'ensemble symphonique de l'orchestre. Lorsque nous regardons les tableaux des grands peintres des siècles passés, nous pouvons y voir l'expression de leurs personnalités (souvent torturées, de leurs vies souvent tourmentées) ou y percevoir leur technique (dans les traits de pinceau, les dégradés de couleurs, les reliefs de la peinture, etc.) où nous pouvons, indépendamment, saisir l'émotion qui se dégage des œuvres...
![](https://bc4d23e248.clvaw-cdnwnd.com/096f880f248939102d01de0b8e3692c9/200000522-0f28d0f290/couches.jpg?ph=bc4d23e248)
Tel qu'il nous apparaît, le monde est le produit d'une représentation. La « réalité » est un empilement de niveaux d'abstraction de plus en plus subtils dont chacun est un reflet de notre conscience. Dans sa forme et ses possibilités, ce dont nous avons conscience est conditionné par la façon dont notre cerveau s'est construit sous la pression de l'évolution naturelle, dans le cadre des lois régissant l'univers physique. Dans ce référentiel, il « s'efforce de donner un sens à toute chose (...) en fonction du sens que vous attribué à chaque symbole, de la structure de votre langue, et en accord avec toutes les connaissances programmées dans votre esprit » CAT-32.
A un haut niveau d'abstraction, l'esprit du mathématicien percevra la danse des équations derrière le mouvement des corps, là où l'individu lambda verra une rame de métro entrer sur un quai. L'esprit du biologiste saisira le ballet des molécules qui anime la vie de nos cellules, là où à l'heure de pointe nous voyons les corps des voyageurs se serrer dans des wagons bondés. L'esprit du chimiste discernera la composition des pigments de la peinture, là où le candide tentera de saisir le talent de l'artiste. L'esprit du physicien saisira la chorégraphie incessante des particules sous l'apparente immobilité des objets du quotidien. Là où nous voyons des personnes, il sera témoin de rayonnements vibratoires agités par des flots d'énergie ondoyante.
Plus nous ôtons de « couches » (matérielle, émotionnelle, mentale, symbolique...) à cet oignon que nous appelons « réalité », plus elle se réduit à un impensable. Il n'y a ni « cordes quantiques » visibles dans le corps humain ni de corps humain visible sans « cordes quantiques », et pourtant, peut-on trouver un corps en dehors de «cordes quantiques » ?
L'esprit du philosophe distinguera le principe des idées derrière la substance de la réalité. La conscience mentale du méditant bouddhiste s'imprégnera de l'énergie de l'objet vertueux de sa visualisation. Dans le silence intérieur du retrait des sens, la conscience du méditant en samādhi se fondra dans l'objet de sa contemplation et dans l'éveil abolira toute dualité. La question n'est pas quelle forme de cognition (qui ne serait pas conditionnée par notre « système de croyances ») peut nous donner accès à «l'expérience directe », mais quelle est la nature d'une connaissance sans connaissant ?
« Il n'y a ni tableau dans l'esprit ni esprit dans le tableau, et pourtant, peut-on trouver un tableau en dehors de l'esprit ? [i]».
![](https://bc4d23e248.clvaw-cdnwnd.com/096f880f248939102d01de0b8e3692c9/200000538-91b1991b1c/toile_cosmique.jpg?ph=bc4d23e248)
Le sens de cette métaphore du Bouddha s'éclaire des descriptions d'une « réalité » à laquelle la réflexion philosophique (à défaut d'avoir développé la « vue pénétrante ») laisse entrevoir une imbrication de niveaux d'abstraction, là où la « vue erronée de l'ensemble périssable » saisit l'agrégat des éléments constitutifs de notre corps comme l'illusion de « l'aspect d'un je, d'un moi ou d'un mien » IPPB-26.
Il n'y a pas de pointe de diamant sans le corps du diamant, comme il n'y a pas de sommet sans montagne ! Ce que nous appelons « réalité » est un amoncellement de strates dans lesquelles, si nous regardons en détail (objectivement), nous ne trouverons pas plus de réalité propre que dans leur ensemble. Il n'y a pas de montagne sans matière, de matière sans atome, d'atome sans cordes quantiques, ni de musique sans instrument, d'instrument sans musicien, de musicien sans pensée de la musique. Ce que nous appelons « réalité » est une abstraction par l'esprit de différents niveaux, étroitement imbriqués, en interdépendance les uns des autres.
Que reste-t-il lorsque la montagne est totalement érodée ou que le diamant est taillé si finement que sa hauteur n'excède pas un atome d'épaisseur, c.à.d. lorsque la surface ne se distingue plus du corps de l'objet ?
Lorsque le connaissable (l'objet) devient indiscernable du connaissant (le sujet), l'être devient vacuité.
Qu'il n'y est plus rien qui puisse être connu lorsqu'il n'y a plus rien qui puisse connaître aboutirait au néant d'une non-connaissance si ce n'était la conscience de la vacuité !
![](https://bc4d23e248.clvaw-cdnwnd.com/096f880f248939102d01de0b8e3692c9/200000537-259a1259a3/coin.jpg?ph=bc4d23e248)
Autrement dit, il nous serait impossible de nous absorber dans la contemplation méditative des choses si elles possédaient un en-soi ! Si le « moi » du musicien était «réel », si l'instrument de musique était « réel », si l'air qui nous entoure et transmet les sons était « réel », nous ne pourrions nous en abstraire ! Nous serions bloqués dès leur perception sensorielle, qui constituerait un obstacle, infranchissable, à la musique.
En apparence, ils le sont ! En apparence, ils nous apparaissent palpables, tangibles, voire solides. Et pourtant, si nous recherchons la musique par une analyse réductionniste fine, nous ne la trouverons ni dans la personnalité du musicien, ni dans les cellules de son corps, ni dans la matière dont est faite son instrument, ni dans le langage symbolique de la partition, ni dans les molécules de l'air, ni dans les sons, etc. La musique est au-delà du sensible, au-delà du symbolique. Elle se saisit par abstraction de tout ce qui la produit. Mais, sans cela qui produit un phénomène qu'est-ce qu'un phénomène ?
La « saisie directe » du monde est une fuite sans fin vers un infini sans fond. A mesure que nous saisissons un plan de « réalité », il nous échappe en nous faisant en entrevoir un autre, puis encore un autre et ainsi de suite. Le mathématicien saisit le tableau noir dont il s'abstrait aussitôt qu'il le recouvre d'équations. Dès qu'il en saisit le langage, celui-ci disparaît à son tour pour laisser place à la danse des équations dans l'espace. Dès qu'il tente de les saisir de manière directe, le « réel » devient indiscernable de son esprit. A mesure que notre conscience s'abstrait de tout objet, nous découvrons que notre esprit est de l'étoffe dont sont fait les rêves...
Il n'y a pas d'observation sans observateur et dès lors que l'observant s'abstrait de l'observé, la conscience s'abstrait d'elle-même. Lorsque le peintre s'absorbe dans son travail, il s'abstrait de ses pensées, de son imaginaire, de ses rêves, pour entrer dans un état de profonde immersion. Lorsque le méditant s'absorbe dans l'objet de sa méditation, il s'abstrait de ses désirs, de ses aversions, de son mental, pour entrer dans un état de paix et de calme intérieur. L'abstraction de la conscience à elle-même semble ainsi proportionnelle à l'abstraction de la conscience à son objet.
Or, en sondant le « réel », d'abstraction en abstraction, jusqu'à son fond, nous devrions aboutir à un niveau ultime, la vacuité. S'il en était autrement, l'univers des phénomènes ne serait pas ! Si l'état ultime des phénomènes n'était vacuité, ceux-ci ne pourraient être interdépendants et s'ils n'étaient pas la cause de causes combinées, nul phénomène ne serait impermanent. « C'est pas magique, c'est logique » !
Que la vacuité puisse être à l'origine de la production des phénomènes interdépendants ferait d'elle un pur néant si l'abstraction d'une abstraction n'était elle-même phénoménale !
![](https://bc4d23e248.clvaw-cdnwnd.com/096f880f248939102d01de0b8e3692c9/200000524-0f8e10f8e3/maths.jpg?ph=bc4d23e248)
Le néant est vide de tout. La vacuité est vide d'en-soi. Cela rend possible de nous absorber dans la contemplation de niveaux d'abstraction qui ne sont que diverses «formes » de la vacuité. Ce qui fait de la conscience un (épi)phénomène émergeant du jeu de l'interdépendance des plans d'abstraction. Trop dense, elle se solidifierait dans une identité autonome douée d'en-soi, trop volatile elle s'évanouirait dans le néant. L'absorption semble ainsi unir et fusionner, observant et observé, sujet et objet...
Cependant, lorsque nous nous absorbons dans la contemplation méditative, nous n'expérimentons pas la sensation d'atteindre un degré d'abstraction tel que nous nous dissolvions dans l'objet de notre contemplation jusqu'à ce que plus rien ne puisse se dire « conscience de quelque chose ». Nous entrons dans un état (phénoménal) où conscience et musique sont indiscernables. Nous devenons la musique au sens littéral, mais si nous ne sommes plus « spectateur d'un spectacle », toute dualité ne prend pas fin pour autant !
Descartes a rencontré cette « sensation d'indépassable » qu'il identifia au niveau ultime de la pensée consciente et nomma cogito - la philosophie du Védanta le nomme le Soi -. Un état (phénoménologique) irréductible qui est la persistance de la sensation de la conscience à elle-même. Celui-ci semble donner raison à la croyance de l'existence de l'ātman (l'âme individuelle). Cette absorption totale de la conscience à son objet - nommée samādhi par la philosophie du yoga de Patanjali - tend à arguer d'un indépassable par l'expérience de la nature (Prakriti) de l'essence de son principe (Purusha).
Imaginez un bâton planté dans le sol à quelques mètres devant vous. Pointez votre index devant votre œil droit et fermez le gauche, alignez votre doigt et le bâton jusqu'à ce qu'ils se superposent parfaitement. Maintenant, imaginez que quoi que vous fassiez désormais (tourner la tête, utiliser un miroir, etc.), il vous est, totalement, impossible de dissocier la perception de votre doigt de celle du bâton. N'en a-t-il pas toujours été ainsi ? Pouvez-vous être conscient sans être « conscient de (ce) quelque chose » ! Vous ne pouvez pas vous abstraire de votre (propre) conscience. Vous ne pouvez pas aller au-delà...
« L'unité » du sujet à l'objet du samādhi est-elle véritablement la fusion de «l'observant à l'observé » dans laquelle la conscience s'abstrait d'elle-même en franchissant le dernier degré d'abstraction à son objet ? Ou constitue-t-elle un état de superposition « du connaissant au connu » si parfait que la conscience ne se distingue plus de ce qui occupe son champ, comme l'œil ne distingue plus le doigt du bâton lorsque les perspectives se confondent ?
![](https://bc4d23e248.clvaw-cdnwnd.com/096f880f248939102d01de0b8e3692c9/200000535-1dfb51dfb8/cristaux.jpg?ph=bc4d23e248)
De loin, nous voyons une corde comme une ligne qui ne semble posséder d'une seule dimension, mais vue de près une deuxième dimension apparaît avec la perception de sa circonférence. La conscience est le dernier degré d'abstraction qui coïncide avec le dernier niveau d'abstraction de l'objet dont elle a la connaissance, d'où découle cette impression « d'indépassable ». Il nous faut passer par-delà pour que notre conscience puisse s'abstraire d'elle-même et, ainsi, réaliser la « saisie directe » de la vacuité.
Le niveau ultime d'abstraction de la conscience n'est pas un vide pur. Elle est «conscience » au-delà de toute conscience, « connaissance » par-delà toute connaissance. Un terme qui ne signifie plus rien ! « L'omniscience » ne se définit qu'en regard de ce « côté-ci de la porte » (de l'autre, la porte n'a plus aucun côté !). Sous cet angle, « l'omniscience » caractériserait le degré de conscience précédent l'ultime abstraction où connaissant et connu entrent en état de superposition parfaite, l'union/fusion du samādhi. Ce qui fait de l'éveil, la « saisie directe » de la vacuité par la vacuité. L'état où toute dualité est abolie (« où la forme est le vide et où le vide est la forme »), où le connaissant est le connu et où le connu est le connaissant.
Rien ne peut exister sans être originé de causes. La vacuité ne saurait donc être hors de la phénoménalité. Ce serait lui conférer une « réalité » propre ! Tout phénomène est interdépendant, impermanent et « vide d'en-soi ». La vacuité est un phénomène, c'est le « niveau ultime » des phénomènes, leur oméga vu sous la perspective descendante de l'abstraction et, par opposé, leur alpha vu sous la perspective ascendante.
Le taille crayon permet de conserver sa pointe effilée au crayon de papier. A mesure qu'il enlève de la matière au crayon, la pointe se déplace. Imaginez un taille crayon qui enlève une seule couche d'atomes à la fois. Au terme du processus, il ne reste plus que la couche formant le « corps » et celle formant la « pointe », indiscernables mais duelles. La dernière couche enlevée, la dualité disparaît. Le niveau zéro est atteint. Mais, ce n'est pas le vide ! C'est toujours un état qui appartient à l'ordre des phénomènes et qui ne saurait être nommé autrement que vacuité.
![](https://bc4d23e248.clvaw-cdnwnd.com/096f880f248939102d01de0b8e3692c9/200000526-877c7877c9/crayon.png?ph=bc4d23e248)
Lorsque l'esprit « entre en contemplation », il fait abstraction de la « réalité » (extérieure et intérieure) jusqu'à s'absorber complètement dans son objet. Faite abstraction de la personnalité du musicien, de son corps, de son instrument, de sa partition, des autres membres de l'orchestre, de son chef... toujours la musique perdure comme la pointe du crayon. Faite abstraction du « moi », du corps (des agrégats périssables dont il est formé), des émotions, du mental, de l'intellect, etc. la conscience est toujours présente ! Or, la conscience de soi (« être conscient d'être conscient ») est duelle. Ce n'est pas le « niveau zéro », c'est « l'étage » juste au-dessus !
En-deçà, il y a encore un état phénoménal, la vacuité, sans qu'il soit possible d'en inférer que la nature fondamentale de toute chose est « conscience ». Pour le nommer, nous pourrions tout autant parler « d'énergie ». La théorie des cordes postule que la « nature ultime » de la matière est formée de brins d'énergie infimes dont les modulations vibratoires sont déterminantes des caractéristiques de chaque particule élémentaire. Telle qu'elle nous apparaît, la matière est le produit de la « densification » de ces vibrations.
L'air est impalpable, mais le moindre déplacement d'un corps produit une sensation de courant tangible. A mesure que le vent se lève, les couches d'air se compactent et se densifient. Plus le vent gagne en vitesse, plus il oppose une résistance importante, dont les tornades et les ouragans illustrent toute la puissance. Et pourtant, ce n'est que de l'air !
A défaut de preuve (scientifique), il n'y a pas de conscience sans corps. Mais si nous cherchons la conscience dans le corps, par l'analyse réductionniste, la réflexion analytique (sur « la vue erronée de l'ensemble périssable ») ou l'absorption méditative, elle est introuvable ! La conscience n'est pas dans le corps, c'est le corps qui résulte de la densification de la conscience ! Musiciens, instruments, orchestre sont constitutifs de degrés d'abstractions qui nous apparaissent sur le même plan (spatial et temporel) par un effet de perspective. L'instant présent est la pointe du « réel » à la production duquel participe la totalité de l'univers. La musique symphonique est le produit phénoménal du « son primordial » (AUM) d'un univers débuté avec l'alpha, le niveau zéro, la vacuité, présente dans sa pointe à chaque instant.
![](https://bc4d23e248.clvaw-cdnwnd.com/096f880f248939102d01de0b8e3692c9/200000527-b181cb181f/pointe-9.jpg?ph=bc4d23e248)
Cette densification donne leur forme et leur substance aux phénomènes depuis le «niveau zéro » de la vacuité. Le corps, l'intelligence, la conscience (phénoménologique) sont des niveaux d'abstraction dont l'enchâssement se caractérise par un «accroissement de la complexité ». Chaque abstraction en entraîne une autre. Les propriétés de chaque plan semblent directement découler des caractéristiques du plan précédent, à l'instar des particulières élémentaires en tant qu'expression des vibrations des cordes quantiques. Ce n'est cependant là qu'apparence, car « Le niveau inférieur, bien qu'il soit entièrement responsable de ce qui se passe, est sans rapport avec le résultat (...) il en est isolé. C'est un fait à part entière, à son propre niveau » LOOP-51.
Si l'absorption dans la contemplation méditative procède d'une méthode - les quatre derniers anga de l'Asthanga de Patanjali ou la méditation bouddhiste samatha de «calme mental » -, avec de l'entraînement, il nous est possible de nous abstraire de tous les plans du réel tel que nous le percevons et d'effectuer la « saisie directe » (par la vue pénétrante) du réel tel qu'il est.
Dans la vision toltèque, le monde est une projection, māyā dans le Védanta « pouvoir créatif de la divinité pour se transformer soi-même en Univers et se manifester à travers chacune des expressions de la conscience » MI. Chaque « cercle cosmique » ou « ronde de danseurs » possède ses propres règles à la définition desquelles participent les consciences qui leurs sont relatives : « Dans le rêve d'une culture, les normes sociales de comportement. Dans le rêve de la race humaine, les limites à nos habilités physiques et mentales. Dans le rêve de la matérialité, les lois fondamentales de la physique » MI.
Que le réel soit une « projection de l'esprit » n'est pas contradictoire avec la « solidité de surface » du monde. Ce qui n'accrédite toutefois pas le point de vue philosophique de l'idéalisme qui est « de ne pas admettre que la réalité externe soit la cause de nos représentations, soit qu'il la nie (immatérialisme), soit qu'il affirme que sa cause est l'Idée (Platon)... ». Le terme esprit suggère que la réalité physique ne pourrait pas exister en «indépendance par rapport à l'esprit (Kant) » CNRTL. Or, l'esprit est lui-même produit de la «condensation phénoménale » de la vacuité qui constitue le niveau ultime du « réel ».
Plus important en regard de la philosophie Bouddhiste est la question de savoir comment une « strate de densification » peut-elle être « un fait à part entière, à son propre niveau », c.à.d. autonome, alors que tout phénomène est interdépendant ? Et comment les « plans d'abstraction » peuvent-ils se coordonner pour former un ensemble cohérent ?
![](https://bc4d23e248.clvaw-cdnwnd.com/096f880f248939102d01de0b8e3692c9/200000528-b3417b341a/effet_tunnel.jpg?ph=bc4d23e248)
Imaginez un immeuble. Au lieu d'être édifié niveau après niveau - en interdépendance causale linéaire - tous les étages sont bâtis simultanément par des équipes d'ouvriers qui travaillent indépendamment. Un architecte supervise la construction dans un ascenseur se déplaçant à la vitesse de la lumière. La relativité de son déplacement lui octroie de connaître l'état de la construction instantanément et d'en transmettre l'information à chaque étage. Chaque groupe conserve son indépendance et en même temps s'adapte aux changements contingents (impermanents) des autres étages. L'ensemble de la construction évolue de concert, de manière cohérente, tout en étant régie par une interdépendance non-linéaire au niveau local.
Métaphoriquement, les « étages » figurent un état particulier de densification de la vacuité (sur une échelle allant de l'infiniment petit à l'infiniment grand), caractérisées par l'accroissement de la complexité (matière inanimée, formes de vie organiques, êtres pensants...). « L'ascenseur » représente « l'instant présent » qui connecte entre eux en interdépendance et par transversalité, les différents plans d'abstraction. Connexion qui confère à chaque « étage » une certaine « forme de conscience » de son existence. Enfin, l'architecte est la figure de « l'intrication » de toutes les connaissances relatives à chaque « étage » dans une métaconnaissance ou « omniscience du connu ».
Que le niveau local puisse être à la fois « causalement indépendant » (« sans rapport avec le résultat » sous-entendu du niveau supérieur) tout en étant « causalement interdépendant » (de ce niveau, donc corrélativement « entièrement responsable de ce qui se passe » au sein de l'ensemble) invaliderait, à son tour, la logique philosophique de « l'impermanence » si celle-ci ne dissimulait la « pluralité de l'unité » de la réalité ultime !
![](https://bc4d23e248.clvaw-cdnwnd.com/096f880f248939102d01de0b8e3692c9/200000521-e3406e3408/filet-Indra.jpg?ph=bc4d23e248)
Le « filet d'Indra[ii] » illustre cette représentation du « multiple dans l'un ». Chaque «nœud » figure l'entrecroisement de « l'infinie diversité des infinies combinaisons » des chaînes de causalité, constitutives de l'interdépendance des phénomènes. La raison pour laquelle le « rêve du monde » paraît unique ne provient pas du fait que nous le rêvons tous de la même manière (selon les mêmes lois parce que nous sommes tous «cérébralement » identiques), mais parce que notre pluralité dissimule notre unité ! «Nous partageons cette illusion commune car nous ne formons qu'une seule conscience... » MI.
La densification de la vacuité éloigne l'un du multiple, dans le mouvement opposé à l'abstraction contemplative qui (ré)unit sujet et objet en leur identité indifférenciée. Lorsque la dualité est abolie entre l'observant et l'observé au « niveau zéro » de la vacuité, il n'y a pas fusion mais identité ! La vacuité n'est pas « un », mais « pluralité de un », identiques et en même temps différents !
« Ceci est justement le pouvoir de maya ou du mental : nous faire percevoir le monde au travers de celui que nous croyons être (ego), quand en réalité nous sommes tous un (la conscience) » MI.
Le cadre dépasse celui des êtres doués de conscience, la phénoménologie de cette dernière étant le produit d'une densification de la vacuité et non la nature ultime du «réel ». « Je suis la somme de tous les autres » recoupe la totalité de tous les phénomènes résultant de la densification de la vacuité. C'est la « somme » de tout ce qui est, l'ensemble des phénomènes produit par densification de la vacuité et résultant de l'interdépendance des chaînes de causalité, non de ce qui est vraiment, de manière pure, la vacuité.
Absorbé dans la concentration, la contemplation et l'absorption méditative totale, je deviens strictement identique à ce que j'observe. Je ne fusionne pas avec la musique, je deviens si « identique » à la musique que mon identité fondamentale ne se différencie pas de l'identité fondamentale de la musique ! Au sein de la vacuité, rien n'existe qui ne soit parfaitement identique et différents (la forme et le vide, l'être et le non-être...) ! Ce qui fait de l'omniscience non pas la « somme de la connaissance » de l'identité différenciée de toute chose, mais « l'identité de la connaissance ».
![](https://bc4d23e248.clvaw-cdnwnd.com/096f880f248939102d01de0b8e3692c9/200000529-5089a5089c/instruments.jpg?ph=bc4d23e248)
A ce stade, la musique et celui qui l'écoute n'existent plus. Le processus de «fragmentation », différenciant la conscience observante de son objet (ici la musique «observée »), commence au niveau immédiatement supérieur. Par analogie avec les «cordes quantiques », la vacuité serait l'état dans lequel les cordes ne sont animées d'aucune vibration et où elles sont, de ce fait, en tous points, parfaitement, « identiques». Dès qu'elle commence à vibrer, les caractéristiques des vibrations d'une corde la rendent « différente » des autres cordes. Une même corde peut produire toute la liste des particules élémentaires, reflets de la diversité de ses gammes de fréquences et autres propriétés. Et lorsque « l'océan du réel » à son niveau ultime est totalement agité de fluctuations vibratoires, la vacuité entreprend alors de se condenser sous les apparences d'une multitude de formes et de combinaisons...
Que la surface du réel puisse présenter une multitude de formes résultant de l'interdépendance, en une infinie diversité de manifestations impermanentes, ne serait autrement possible si, en son essence, l'identité de la vacuité n'était plurielle !
Sur Terre, les océans ne sont pas formés d'une seule et unique goutte d'eau mais sont en nombres illimités. Lorsque la surface de l'océan est agitée par le vent et la tempête, les mouvements de l'eau revêtent la forme de vagues. Celle-ci s'élancent très haut dans les airs avant de retomber en masse sous la forme d'une myriade de gouttes. Cela n'est possible que parce que l'eau est formée de molécules, elles-mêmes formées d'atomes, qui trouvent leur point de départ dans les vibrations des cordes quantiques.
Le Védanta argue de la réalité du Soi sur la base d'une réflexion simple. « Le corps, le mental et tout ce qui constitue notre individualité sont en continuel changement. Celui qui constate ce changement ne peut être affecté par celui-ci, car comment pourrait-il alors observer ce qui est changeant ? JSO-23. Les vagues ne déplacent que la surface de l'océan. Le musicien, l'instrument, la partition, l'orchestre, le maestro... m'apparaissent sur le même plan alors qu'ils ne relèvent pas du même niveau d'abstraction !
Le sujet et l'objet n'évoluent pas sur le « même plan », ce qui les rend dissemblables en apparence... Celui qui observe n'est pas différent dans « l'individualité de son essence » à cela qui est observé, mais identique à lui dans « la pluralité de leur identité commune », la vacuité. « S'il y avait un soi de la personne qui pense moi, il s'ensuivrait que la personne et le moi ne seraient pas identiques. Au sein de la philosophie bouddhiste tibétaine, il est dit qu'il n'y pas de soi de la personne, car ces deux éléments sont considérés être la même chose. Il en est de même pour les autres phénomènes » BJJ.
Que je puisse voir la réalité sous une multitude de formes différenciées en étant moi-même un « point de vue » distinct ne serait autrement possible si tous deux n'étions le produit de la densification de la vacuité sous l'identité de l'objet que je pense « mien » et celle de la perspective égocentrée sous l'illusion de laquelle je me pense « moi ». Que nous puissions réaliser le « saisissement direct » du réel ne serait autrement possible si la vacuité, après s'être individualisée (fragmentée) sous la forme d'une conscience subjective et de son objet, ne pouvait s'en abstraire !
![](https://bc4d23e248.clvaw-cdnwnd.com/096f880f248939102d01de0b8e3692c9/200000523-420a6420a8/partition.jpg?ph=bc4d23e248)
Pour autant, percevoir la vacuité n'est pas au-dessus de nos capacités. Elle n'exige pas des sens plus aiguisés ou plus étendus, un discernement plus pénétrant ou une plus grande intelligence. Certes, nos facultés sensorielles sont limitées. Nous ne percevons qu'une partie du spectre des longueurs d'onde de la lumière, ne voyons ni le microscopique ni l'immensité... Mais, tout est phénoménal et la vacuité n'est pas au-delà de la nature.
L'impermanence est visible dans le cycle du jour et de la nuit, des saisons, de la vie et de la mort. Chaque enfant qui naît et chaque personne qui meurt sont issues d'une union ou d'une dispersion de causes. Toute chose est le produit d'interdépendances. Mais où est la vacuité ? A l'instar d'un trou-noir, qui se détecte par ses effets gravitationnels sur la lumière et les étoiles alentours, la vacuité se reflète à travers l'interdépendance et l'impermanence.
Que les phénomènes soient observables ne serait autrement possible si cela n'impliquait l'effectivité du changement, que l'immuabilité de l'objet et de l'observateur interdiraient s'ils étaient tous d'eux dotés d'en-soi !
L'interdépendance se saisit également par l'intellection des chaînes de causalité, l'impermanence par l'intuition, la vacuité par l'absorption méditative... Forgé à notre échelle, le sens commun achoppe à saisir les événements quantiques et nous ne sommes pas mieux équipés pour nous représenter ceux relativistes. Pour atteindre le «saisissement direct », nous ne devons toutefois pas (seulement) « lire entre les lignes », c.à.d. interroger nos sens, questionner notre point de vue, moduler notre perspective et examiner la manière dont nous pensons...
Cette exploration n'est pas une déconstruction de notre représentation du « réel », telles les déformations induites par les substances hallucinogènes, ou (plus radicalement encore) une opération qui ferait « table rase » de la vision du monde tel qu'il nous apparaît pour bâtir une image plus juste du monde tel qu'il est.
« Pour avoir tout, je ne dois avoir rien, pour être tout je ne dois être rien et pour savoir tout, je ne dois savoir rien », Saint Jean-de-la-Croix.
Autrement dit, pour connaître tout, je devrais ne connaître rien !
![](https://bc4d23e248.clvaw-cdnwnd.com/096f880f248939102d01de0b8e3692c9/200000534-c84b4c84b6/Dualite.jpg?ph=bc4d23e248)
« Pour savoir tout, je ne dois savoir rien » décrit parfaitement le « champ des possibles » du cerveau du nourrisson, dont les virtualités de liaisons neurales sont immenses. L'apprentissage est un « élagage synaptique » qui réduit ce potentiel à mesure que des chemins sont tracés et régulièrement empruntés. Une fois formé, le cerveau est capable d'aptitudes de cognition remarquables et conserve une exceptionnelle plasticité. Toutefois, il est illusoire de croire que pour « tout savoir », nous pourrions faire table rase de l'existant. Même si le cerveau crée de nouveaux neurones (et trace de nouveaux chemins synaptiques), le potentiel qui n'a pas été exploité ne peut être reconstitué.
N'en demeure pas moins vrai que « pour (tout) savoir », je dois oublier ce que je sais, dépasser le filtre de mes perceptions gelées par la « force de l'habitude ». L'exposition répétée à un stimulus nous rends insensibles à sa stimulation, jusqu'à nous faire oublier son existence ! Les automatismes diminuent notre acuité, inhibe notre lucidité et entretiennent l'illusion. Nous croyons savoir alors que nous sommes abusés par ce que nous savons. Il ne s'agit toutefois pas (seulement) de retrouver « l'esprit du débutant »...
« Pour ne savoir rien », je dois user de la « force de l'attention » et exercer la « force de la vigilance » afin de maintenir une parfaite concentration sur l'instant présent - des aptitudes cultivées par la pratique et la familiarisation à la méditation samatha de «calme mental » -. « Pour savoir tout », je dois « laisser faire » (ne pas chercher à savoir, à faire apparaître...), me connecter au « champ des possibles », non pas de mon cerveau, mais celui de l'instant présent !
Que nous puissions nous absorber « ici et maintenant » dans la contemplation plénière de la vacuité ne serait autrement possible si le « saisissement direct » était une aptitude (extrasensorielle) et non l'état naturel de l'esprit !
![](https://bc4d23e248.clvaw-cdnwnd.com/096f880f248939102d01de0b8e3692c9/200000532-d800cd800e/archez_zen.jpg?ph=bc4d23e248)
Dans l'art du tir à l'arc zen, l'objectif n'est pas d'atteindre la cible, du moins n'est-il pas d'envoyer la flèche alors que le champ de conscience de l'archer est entièrement (pré)occupé par la réussite de son tir. « Pour atteindre le plein (la forme), je dois avoir l'esprit vide ». La focale de mon attention ne doit pas être ciblée sur le connu (ce que je désire, ce que je crois connaître, etc.), mais abstraite du connaissable (ce qu'il m'est possible de connaître), ainsi que du connaissant (l'instrument de cognition).
En tant que « fait de conscience », l'acte de connaître est l'expression phénoménale de la dynamique de « l'équation philosophique » qui rend possible l'existence même du monde et de l'univers. C'est grâce à l'interdépendance des niveaux du réel, du microscopique au macroscopique, à l'impermanence (constante) de leur activité et à la vacuité qui les unis (et qui les sépare), qu'il nous est possible, ne sachant rien, de savoir tout...
Le « Sentier octuple[iii] » du Bouddha est le chemin vertueux qui mène à la libération de la souffrance par la pratique d'une éthique, d'une concentration et d'une sagesse caractérisées par l'action, l'effort et la pensée « justes ». Toute action juste est un effort mesuré, une tension précisément dosée. C'est le juste équilibre de la posture de l'archer, du musicien, du méditant, entre « la fermeté et la douceur » (sthira et sukham) : entre la contraction de la corde de l'arc et le relâchement de la flèche ; entre la tension des cordes du violon et la dextérité du maniement de l'archet ; entre l'attention et la vigilance de la concentration sur l'objet de la visualisation mentale.
Toute action juste produit un résultat analogue : le geste juste du tireur au moment du lancer de sa flèche, les notes justes du violoniste à l'exécution de sa partition, le juste état de paix intérieure du méditant à l'atteinte du « calme mental ». Ces effets justes sont le produit de causes interdépendantes qui, de par l'alchimie précise de leurs conjonctions, aboutissent à l'excellence en terme : d'adresse, de virtuosité, de familiarité ; du moins sur le plan global...
![](https://bc4d23e248.clvaw-cdnwnd.com/096f880f248939102d01de0b8e3692c9/200000533-bcedfbcee1/multivers-quantique.jpg?ph=bc4d23e248)
Pour connaître (et saisir) le moment juste (propice et favorable) « je ne dois connaître rien » des conditions initiales et, y compris, de tout élément contingent qui y participe. Outre que, de par ses filtres et ses biais, la pensée déforme la perception et parasite le geste - que l'inhibition de la conscience et de la pensée volontaires rendent précis dans le flow de l'action automatique -, l'imbrication causale entre les différents niveaux du monde est, en sa localité, non-linaire c.à.d. « sans rapport avec le résultat » LOOP-51. Ce qui rend sa connaissance indéfinissable en tant qu'objet résultant.
Je ne peux savoir ce qui va se passer, non seulement parce que les facteurs, leurs variables et leurs interactions sont en nombre trop grands pour être calculables (prévisibles), mais parce qu'il n'existe pas de lien de causalité directe qui les relie entre eux ! L'effet est le produit d'un « saut quantique », un changement brusque et instantané entre les niveaux du réel. Parce qu'il est à la fois causalement déterminé « Le niveau inférieur est entièrement responsable de ce qui se passe » et « sans rapport avec le résultat » LOOP-51, la « chaîne d'interdépendance des phénomènes » ne s'interrompt jamais.
Que je ne puisse en connaître le produit ne signifie pas que je ne puisse en effectuer le saisissement d'une manière « directe », c.à.d. sans recourir à la pensée et à la raison pure, sous une forme qui n'est pas celle d'un objet et dans un rapport qui n'est pas celui du connaissant au connu. « Pour savoir tout, je ne dois savoir rien », rien de la manière dont on sait par intelligence !
Le « saisissement direct » n'est pas la connaissance d'un objet, c'est en leur identité fondamentale, la vacuité, la simultanéité de l'abstraction de l'esprit à l'abstraction de la conjonction des phénomènes.
Qu'il nous soit possible, de réaliser le « saisissement direct » du réel ne serait autrement possible si la conscience et son objet, au moment du « saut quantique » ne partageaient leur identité fondamentale qui est celle de la vacuité !
Le « saisissement direct », c'est le geste juste de l'archer zen, la note juste du musicien, la concentration juste du méditant. C'est indéfinissable comme une évidence, indescriptible comme une intuition. C'est une illumination de paix et la félicité sans nom et sans forme...
Namasté
Références :
BJJ : Le bonheur au jour le jour, Lama Samten https://www.centre-paramita.fr/collections/livres
CAT : Les cinq accords Toltèques, Don Miguel Ruiz
JSO : La joie sans objet, Jean Klein
CNRTL : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales https://www.cnrtl.fr/etymologie/
LOOP : Je suis une boucle étrange, Douglas Hofstadter
MI : Mitote, le rêve du réel https://mastay.info/fr/posts/2/mitote-le-reve-du-reel/
[1] « Pour savoir tout je dois ne rien savoir. Pour être tout je dois n'être rien" St Jean de la Croix https://site-catholique.fr/index.php?post/Priere-de-Saint-Jean-de-la-Croix-de-d%C3%A9tachement https://www.la-croix.com/Archives/2001-09-08/Interview-_NP_-2001-09-08-140606
[i] L'Avatamsaka soutra, Paroles attribuées au Bouddha, source « L'infini dans la paume de la main » page 196
[ii] https://www.zendoleauvive.fr/templates/paroles-filet.htm